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d’atomes tourbillons jouissant chacun d’une forme propre de mouvement, et si nous nous rappelons que les atomes tourbillons ou les molécules qu’ils forment ont la propriété de communiquer leur mouvement propre aux atomes avec lesquels ils sont en contact immédiat ou en relation par l’intermédiaire de l’éther, une foule de faits obscurs s’éclaircissent rapidement. Lorsqu’une cellule s’accroît par l’influence de la nutrition sans que ses propriétés essentielles soient modifiées malgré l’intussusception de particules nutritives différentes de celles qui entrent dans sa composition, que se passe-t-il ? Les atomes nutritifs, jusque-là doués d’un mouvement propre, sont entraînés par les plastidules de la cellule, ils perdent leur mouvement primitif, acquièrent celui des plastidules et par conséquent leur deviennent semblables, puisque les corps ne diffèrent les uns des autres que par la nature de leurs mouvements atomiques. Ainsi, malgré la nutrition et l’accroissement, les cellules conservent leurs propriétés physiques, chimiques et biologiques. Ces propriétés ne seront altérées que si la nature des molécules nutritives est telle que leurs mouvements, au lieu d’être modifiés par celui des plastidules, modifient, au contraire, très profondément celui de ces dernières. Il est démontré par une foule de faits d’électricité, de chaleur, de lumière, etc., que tous les corps n’agissent pas également bien les uns sur les autres, et que dans la lutte de mouvements, — si je puis m’exprimer de la sorte, — qui existe entre eux, tous ne montrent pas la même énergie. Qui ignore que le bois résiste aux mouvements moléculaires caloriques beaucoup plus que les métaux ? d’où la faible transmissibilité de la chaleur à travers le bois. Qui ignore encore que les métaux transmettent admirablement l’électricité, tandis que le verre l’intercepte ? Les exemples de ces résistances à certains mouvements moléculaires sont en nombre infini ; mais le terme résistance employé pour désigner les faits de cette nature est impropre ; la vérité est que les molécules du corps « résistant », au lieu de se laisser entraîner dans le mouvement des atomes éthérés qui caractérise la chaleur, l’électricité ou la lumière, modifient ce mouvement, le transforment en un mouvement nouveau. C’est ainsi que l’on voit à chaque instant la chaleur se transformer en électricité, l’électricité en chaleur, le choc produire de la chaleur et celle-ci engendrer de l’électricité, etc.

Doit-on s’étonner que des transformations analogues puissent être produites dans le mouvement, que j’appellerai biologique, des plastidules vivantes, par le contact de particules étrangères, vivantes ou non vivantes, douées de mouvements suffisamment énergiques ? C’est dans cet ordre d’idées qu’il faut très probablement chercher l’explication des transformations chimiques déterminées dans certaines substances ternaires ou quaternaires par les diastases. Je me borne à rappeler un de ces faits : on sait que la pepsine, substance contenue dans le suc gastrique, transforme les substances albuminoïdes insolubles en peptones solubles ; mais on sait aussi qu’il suffit d’une quantité