Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/83

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prochées du soleil en fussent issues les dernières et dussent ainsi offrir le maximum d’analogies avec cet astre. Mais on peut répondre à cela que les planètes dont la densité est supérieure à celle du soleil sont aussi les moins volumineuses, celles qui se meuvent avec le plus de rapidité, et, par conséquent, celles qui ont dû subir la condensation et le refroidissement les plus considérables. En effet, si l’on désigne par 1 le rayon de la terre, on trouve pour celui de Vénus 0,95, pour celui de Mars 0,54 et pour celui de Mercure 0,38 ; tandis que celui d’Uranus et celui de Neptune sont 4, celui de Saturne 9, celui de Jupiter 11 ; tandis que le volume relatif du soleil est 1 279 267. D’autre part, il est démontré que la vitesse du mouvement de translation des planètes est d’autant plus grande que celles-ci sont plus rapprochées du soleil. La vitesse moyenne de Mercure est de 47 kilom. par seconde, celle de Vénus est de 35 kilom., celle de la terre est de 29 kilom., celle de Mars est de 24 kilom., celle de Jupiter est de 13, celle de Saturne est de 10, celle d’Uranus est de 7 et celle de Neptune de 5 seulement. Si l’on admet que la condensation et le refroidissement aient dû s’effectuer avec d’autant plus de promptitude que les planètes sont moins volumineuses et se meuvent plus rapidement, on voit que les planètes les plus rapprochées du soleil étant les moins volumineuses et les plus rapides dans leurs courses doivent aussi être les plus denses et doivent l’être beaucoup plus que le soleil, dont le volume est énorme et dont la vitesse de translation est relativement très faible. La terre devrait, il est vrai, être moins dense que Vénus, puisque son volume et sa vitesse sont plus grands que ceux de cette dernière, et cependant c’est le contraire qui existe. Mais la différence est peu considérable, et il est bien permis de supposer que d’autres causes que la vitesse et le volume sont de nature à hâter ou à retarder la condensation et le refroidissement des planètes. Vénus est, par exemple, dépourvue de satellite, tandis que la terre en possède un. N’y a-t-il pas là une cause capable d’influer sur la rapidité de la condensation de ces planètes ?

Âge des planètes. Un autre fait qui plaide en faveur de la communauté d’origine de toutes les planètes est celui de l’analogie qu’elles présentent dans leur constitution physique. Les planètes sont toutes, actuellement, à l’état solide, sinon en totalité, du moins en très grande partie, ce qui paraît indiquer qu’elles ont à peu près le même âge, car il est manifeste, ainsi que nous aurons à le dire plus bas, qu’elles ont toutes passé par la phase d’incandescence dans laquelle se trouvent aujourd’hui le soleil et les étoiles. Or, de la similitude d’âge, n’est-il pas permis de conclure à la communauté d’origine ?

Caractères communs des planètes. L’état solide dans lequel sont les planètes ne permet pas d’étudier directement leur composition chimique, comme on le fait pour le soleil, les étoiles communs et tous les astres incandescents ; mais on a pu s’assurer que certaines d’entre elles possèdent une atmosphère et peut-être des mers semblables ou analogues à celles de la terre. Secchi a signalé dans le spectre de Vénus l’existence