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Vosges, une trombe très bien formée ; elle avait environ 50 toises de hauteur ; sa forme était celle d’une colonne, et elle communiquait à un gros nuage fort épais et poussé par un ou plusieurs vents violents qui faisaient tourner rapidement la trombe et produisaient des éclairs et des coups de tonnerre. Cette trombe ne dura que sept ou huit minutes et vint se briser sur la base du coteau, qui est élevé de cinq ou six cents pieds[1].

Plusieurs voyageurs ont parlé des trombes de mer, mais personne ne les a si bien observées que M. de la Nux. Par exemple, ces voyageurs disent qu’il s’élève au-dessus de la mer une fumée noire lorsqu’il se forme quelques trombes ; nous pouvons assurer que cette apparence est trompeuse et ne dépend que de la situation de l’observateur : s’il est placé dans un lieu assez élevé pour que le tourbillon qu’une trombe excite sur l’eau ne surpasse pas à ses yeux l’horizon sensible, il ne verra que de l’eau s’élever et retomber en pluie, sans aucun mélange de fumée ; et on le reconnaîtra avec la dernière évidence, si le soleil éclaire le lieu du phénomène.

Les trombes, dont nous venons de parler, n’ont rien de commun avec les bouillonnements et les fumées que les feux sous-marins excitent quelquefois, et dont nous avons fait mention ailleurs ; ces trombes ne renferment ni n’excitent aucune fumée ; elles sont assez rares partout : seulement les lieux de la mer où l’on en voit le plus souvent sont les plages des climats chauds, et en même temps celles où les calmes sont ordinaires et où les vents sont les plus inconstants ; elles sont peut-être aussi plus fréquentes près les îles et vers les côtes que dans la pleine mer.





ADDITIONS

À L’ARTICLE QUI A POUR TITRE : DES TREMBLEMENTS DE TERRE ET DES VOLCANS.



I. — Sur les tremblements de terre.

Il y a deux causes qui produisent les tremblements de terre : la première est l’affaissement subit des cavités de la terre, et la seconde, encore plus fréquente et plus violente que la première, est l’action des feux souterrains.

Lorsqu’une caverne s’affaisse dans le milieu des continents, elle produit par sa chute une commotion qui s’étend à une plus ou moins grande distance, selon la quantité du mouvement donné par la chute de cette masse à la terre, et à moins que le volume n’en soit fort grand et ne tombe de très-haut, sa chute ne produira pas une secousse assez violente pour qu’elle se fasse ressentir à de grandes distances ; l’effet en est borné aux environs de la caverne affaissée ; et, si le mouvement se propage plus loin, ce n’est que par de petits trémoussements et de légères trépidations.

Comme la plupart des montagnes primitives reposent sur des cavernes, parce que dans le moment de la consolidation ces éminences ne se sont formées que des boursouflures ; il s’est fait, et il se fait encore de nos jours des affaissements dans ces montagnes toutes les fois que les voûtes des cavernes minées par les eaux ou ébranlées par quelque tremblement viennent à s’écrouler ; une portion de la montagne s’affaisse en bloc, tantôt perpendiculairement, mais plus souvent en s’inclinant beaucoup, et quelquefois même en culbutant : on en a des exemples frappants dans plusieurs parties des Pyrénées où les

  1. Note communiquée par M. de Grignon à M. de Buffon, le 6 août 1717.