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PREUVES
DE LA
THÉORIE DE LA TERRE



ARTICLE PREMIER

DE LA FORMATION DES PLANÈTES


..........Fecitque cadendo
Undique ne caderet.

Manil.



Notre objet étant l’histoire naturelle, nous nous dispenserions volontiers de parler d’astronomie ; mais la physique de la terre tient à la physique céleste, et d’ailleurs nous croyons que, pour une plus grande intelligence de ce qui a été dit, il est nécessaire de donner quelques idées générales sur la formation, le mouvement et la figure de la terre et des planètes.

La terre est un globe d’environ trois mille lieues de diamètre ; elle est située à trente millions de lieues du soleil, autour duquel elle fait sa révolution en trois cent soixante-cinq jours. Ce mouvement de révolution est le résultat de deux forces : l’une qu’on peut se représenter comme une impulsion de droite à gauche, ou de gauche à droite, et l’autre comme une attraction du haut en bas ou du bas en haut vers un centre. La direction de ces deux forces et leurs quantités sont combinées et proportionnées de façon qu’il en résulte un mouvement presque uniforme dans une ellipse fort approchante d’un cercle. Semblable aux autres planètes, la terre est opaque : elle fait ombre, elle reçoit et réfléchit la lumière du soleil, et elle tourne autour de cet astre suivant les lois qui conviennent à sa distance et à sa densité relative ; elle tourne aussi sur elle-même en vingt-quatre heures, et l’axe autour duquel se fait ce mouvement de rotation est incliné de soixante-six degrés et demi sur le plan de l’orbite de sa révolution. Sa figure est celle d’un sphéroïde dont les deux axes diffèrent d’environ une cent-soixante et quinzième partie, et le plus petit axe est celui autour duquel se fait cette rotation.

Ce sont là les principaux phénomènes de la terre ; ce sont là les résultats des grandes découvertes que l’on a faites par le moyen de la géométrie, de l’astronomie et de la navigation. Nous n’entrerons point ici dans le détail qu’elles exigent pour être démontrées, et nous n’examinerons pas comment on est venu au point de s’assurer de la vérité de tous ces faits, ce serait répéter ce qui a été dit ; nous ferons seulement quelques remarques qui pourront servir à éclaircir ce qui est encore douteux ou contesté, et en même temps nous donnerons nos idées au sujet de la formation des planètes et des différents états par où il est possible qu’elles aient passé avant que d’être parvenues à l’état où