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exhalait une odeur sulfureuse ; mais ce qui m’a surpris davantage, c’est qu’à proportion qu’elle s’est desséchée, la couleur noire s’est un peu effacée, et elle est devenue aussi blanche que l’argile la plus blanche ; d’où on peut conjecturer que c’était par conséquent une matière volatile qui lui communiquait cette couleur brune : les esprits acides n’ont fait aucune impression sur cette terre ; et, lui ayant fait éprouver un degré de chaleur assez violent, elle n’a point rougi comme l’argile grise, mais elle a conservé sa blancheur, de sorte qu’il me paraît évident que cette matière que m’a produite le grès, en s’atténuant et en se décomposant dans l’eau, est une véritable argile blanche. » Note communiquée à M. de Buffon par M. Nadault, correspondant de l’Académie des sciences, ancien avocat général de la chambre des comptes de Dijon.


(25) Page 69, ligne 8 et suiv. Le mouvement des eaux d’orient en occident a travaillé la surface de la terre dans ce sens : dans tous les continents du monde la pente est plus rapide du côté de l’occident que du côté de l’orient. Cela est évident dans le continent de Amérique, dont les pentes sont extrêmement rapides vers les mers de l’ouest, et dont toutes les terres s’étendent en pente douce et aboutissent presque toutes à de grandes plaines du côté de la mer à l’orient. En Europe la ligne du sommet de la Grande-Bretagne, qui s’étend du nord au sud, est bien plus proche du bord occidental que de l’oriental de l’Océan ; et, par la même raison, les mers qui sont à l’occident de l’Irlande et l’Angleterre sont plus profondes que la mer qui sépare l’Angleterre et la Hollande. La ligne du sommet la Norvège est bien plus proche de l’Océan que de la mer Baltique : les montagnes du sommet général de l’Europe sont bien plus hautes vers l’occident que vers l’orient ; et, si l’on prend une partie de ce sommet depuis la Suisse jusqu’en Sibérie, il est bien plus près de la mer Baltique et de la mer Blanche qu’il ne l’est de la mer Noire et de la mer Caspienne. Les Alpes et l’Apennin règnent bien plus près de la Méditerranée que de la mer Adriatique. La chaîne de montagnes qui sort du Tyrol, et qui s’étend en Dalmatie et jusqu’à la pointe de la Morée, côtoie pour ainsi dire la mer Adriatique, tandis que les côtes orientales qui leur sont opposées sont plus basses. Si l’on suit en Asie la chaîne qui s’étend depuis les Dardanelles jusqu’au détroit de Bab-el-Mandel, on trouve que les sommets du mont Taurus, du Liban et de toute l’Arabie côtoient la Méditerranée et la mer Rouge, et qu’à l’orient ce sont de vastes continents où coulent les fleuves d’un long cours, qui vont se jeter dans le golfe Persique. Le sommet des fameuses montagnes de Gattes s’approche plus des mers occidentales que des mers orientales. Le sommet qui s’étend depuis les frontières occidentales de la Chine jusqu’à la pointe de Malaca est encore plus près de la mer d’occident que de la mer d’orient. En Afrique, la chaîne du mont Atlas envoie dans la mer des Canaries des fleuves moins longs que ceux qu’elle envoie dans l’intérieur du continent, et qui vont se perdre au loin dans des lacs et de grands marais. Les hautes montagnes qui sont à l’occident vers le cap Vert et dans toute la Guinée, lesquelles, après avoir tourné autour de Congo, vont gagner les monts de la Lune et plongent jusqu’au cap de Bonne-Espérance, occupent assez régulièrement le milieu de l’Afrique : on reconnaîtra néanmoins, en considérant la mer à l’orient et à l’occident, que celle à l’orient est peu profonde, avec grand nombre d’îles, tandis qu’à l’occident elle a plus de profondeur et très peu d’îles : en sorte que l’endroit le plus profond de la mer occidentale est bien plus près de cette chaîne que le plus profond des mers orientales ou des Indes.

On voit donc généralement, dans tous les grands continents, que les points de partage sont toujours beaucoup plus près des mers de l’ouest que des mers de l’est ; que les revers de ces continents sont tous allongés vers l’est et toujours raccourcis à l’ouest ; que les mers des rives occidentales sont plus profondes et bien moins semées d’îles que les orientales ; et même l’on reconnaîtra que dans toutes ces mers les côtes des îles sont toujours plus hautes et les mers qui les baignent plus profondes à l’occident qu’à l’orient.