Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome II, partie 1.pdf/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du monde ; et nous observerons, comme chose remarquable, que de ce point de l’équateur elles vont en se rabaissant à peu près également vers le nord et vers le midi, et aussi qu’elles arrivent à peu près à la même distance, c’est-à-dire à quinze cents lieues de chaque côté de l’équateur ; en sorte qu’il ne reste à chaque extrémité de cette chaîne de montagnes, qu’environ 30 degrés, c’est-à-dire sept cent cinquante lieues de mer ou de terre inconnue vers le pôle austral, et un égal espace dont on a reconnu quelques côtes vers le pôle boréal. Cette chaîne n’est pas précisément sous le même méridien, et ne forme pas une ligne droite ; elle se courbe d’abord vers l’est, depuis Baldivia jusqu’à Lima, et sa plus grande déviation se trouve sous le tropique du Capricorne ; ensuite elle avance vers l’ouest, retourne à l’est, auprès de Popayan, et de là se courbe fortement vers l’ouest, depuis Panama jusqu’à Mexico ; après quoi elle retourne vers l’est, depuis Mexico jusqu’à son extrémité, qui est à 30 degrés du pôle, et qui aboutit à peu près aux îles découvertes par de Fonté. En considérant la situation de cette longue suite de montagnes, on doit observer encore, comme chose très remarquable, qu’elles sont toutes bien plus voisines des mers de l’Occident que de celles de l’Orient. 2o Les montagnes d’Afrique, dont la chaîne principale, appelée par quelques auteurs l’Épine du monde, est aussi fort élevée, et s’étend du sud au nord, comme celles des Cordillères en Amérique. Cette chaîne, qui forme en effet l’épine du dos de l’Afrique, commence au cap de Bonne-Espérance, et court presque sous le même méridien jusqu’à la mer Méditerranée, vis-à-vis la pointe de la Morée. Nous observerons encore, comme chose très remarquable, que le milieu de cette grande chaîne de montagnes, longue d’environ quinze cents lieues, se trouve précisément sous l’équateur, comme le point milieu des Cordillères ; en sorte qu’on ne peut guère douter que les parties les plus élevées des grandes chaînes de montagnes en Afrique et en Amérique ne se trouvent également sous l’équateur.

Dans ces deux parties du monde, dont l’équateur traverse assez exactement les continents, les principales montagnes sont donc dirigées du sud au nord ; mais elles jettent des branches très considérables vers l’orient et vers l’occident. L’Afrique est traversée de l’est à l’ouest par une longue suite de montagnes, depuis le cap Gardafui jusqu’aux îles du Cap-Vert : le mont Atlas la coupe aussi d’orient en occident. En Amérique, un premier rameau des Cordillères traverse les terres magellaniques de l’est à l’ouest ; un autre s’étend à peu près dans la même direction au Paraguay et dans toute la largeur du Brésil ; quelques autres branches s’étendent depuis Popayan dans la terre ferme, et jusque dans la Guyane : enfin si nous suivons toujours cette grande chaîne de montagnes, il nous paraîtra que la péninsule de Yucatan, les îles de Cuba, de la Jamaïque, de Saint-Domingue, Porto-Rico et toutes les Antilles, n’en sont qu’une branche qui s’étend du sud au nord, depuis Cuba et la pointe de la Floride, jusqu’aux lacs du Canada,