auquel il peut suppléer, et que nous tirons aussi de l’étranger, il ne faudrait pas abandonner ce commerce qui paraît languir.
La plupart des propriétés de cet alcali minéral sont les mêmes que celles de l’alcali fixe végétal, et ils ne diffèrent entre eux que par quelques effets[1], qu’on peut attribuer à l’union plus intime de la base terreuse dans l’alcali minéral que dans l’alcali végétal, mais tous deux sont essentiellement de la même nature.
- ↑ L’alcali fixe minéral, qu’on suppose ici dans son plus grand degré de pureté, diffère de l’alcali fixe végétal : 1o en ce qu’il attire moins l’humidité de l’air, et qu’il ne se résout point en liqueur, comme le fait l’alcali fixe végétal ;
2o Lorsqu’il est dissous dans l’eau, si l’on traite cette dissolution par évaporation et refroidissement, l’alcali minéral se coagule en cristaux, précisément comme le font les sels neutres ; en quoi il diffère du sel alcali fixe ordinaire ou végétal, qui, lorsqu’il est bien calciné, est très déliquescent, et ne se cristallise que lorsqu’il est uni avec beaucoup de gaz méphitique ;
3o L’alcali fixe minéral, dissous par la fusion, convertit en verre toutes les terres comme l’alcali végétal ; mais on a observé que, toutes choses égales d’ailleurs, il vitrifie mieux, et qu’il forme des verres plus solides et plus durables…
4o Avec l’acide vitriolique, l’alcali minéral forme un sel neutre cristallisé, nommé sel de Glauber ; mais ce sel diffère beaucoup du tartre vitriolé par la figure de ses cristaux, qui sont d’ailleurs beaucoup plus gros, par la quantité d’eau beaucoup plus grande qu’il retient dans sa cristallisation, par sa dissolubilité dans l’eau qui est beaucoup plus considérable, enfin par le peu d’adhérence qu’il a avec l’eau de sa cristallisation : cette propriété est telle que le sel de Glauber, exposé à l’air, y perd l’eau de sa cristallisation, ainsi que sa transparence et sa forme, et s’y change en une poussière blanche comme l’alcali minéral. Comme l’acide est le même dans le tartre vitriolé et dans le sel de Glauber, il est clair que les différences qui se trouvent entre ces deux sels ne peuvent venir que de la nature de leurs bases alcalines : toutes les propriétés qui distinguent le sel de Glauber du tartre vitriolé doivent donc être regardées comme des différences entre l’alcali végétal et le minéral ; il en est de même de toutes les combinaisons de ce dernier acide avec les autres acides ;
5o Avec l’acide nitreux, l’alcali minéral forme une espèce particulière de nitre, susceptible de détonation et de cristallisation ; mais il diffère du nitre ordinaire, ou à base d’alcali végétal, par la figure de ses cristaux, qui, au lieu d’être en longues aiguilles, sont formés en solides à six faces rhomboïdales, c’est-à-dire dont deux angles sont aigus et deux obtus : cette figure, qui approche de la cubique, a fait donner à ce sel le nom de nitre cubique ou de nitre quadrangulaire : elle est due à l’alcali marin ;
6o Avec l’acide marin, l’alcali minéral forme le sel commun, qui se cristallise en cubes parfaits, et qui diffère du sel neutre formé par le même acide uni à l’alcali végétal, singulièrement par sa saveur, qui est infiniment plus agréable. Dictionnaire de Chimie, par M. Macquer, article Alcali minéral.
viande, elle la fait cuire et la rend tendre. Si l’on jette dans ce lac un animal mort, et même un arbre, il devient natron et se pétrifie, ce qui a été fort bien décrit par Ovide, et peu entendu de ceux qui n’ont point vu ces merveilles de la nature, lorsqu’il a dit que quelques corps ont été changés en pierres par les dieux qui en ont eu compassion. Voyages de La Boullaye le Gouz ; Paris, 1657, p. 383. — « Le lac du natron, éloigné de dix lieues du monastère Dir Syadet, ou de Notre-Dame, paraît comme un grand étang glacé, sur la glace duquel il serait tombé un peu de neige… Ce lac est divisé en deux ; le plus septentrional se fait par une eau qui sourdit de dessous terre sans qu’on remarque le lieu, et le méridional se fait par une grosse source qui bouillonne ; il y a bien de l’eau de la hauteur du genou qui sort de la terre, et qui aussitôt se congèle… Et généralement le natron se fait et parfait en un an par cette eau qui est rougeâtre : au-dessus il y a un sel rouge de l’épaisseur de six doigts, puis un natron noir dont on se sert pour la lessive, et enfin est le natron qui est presque comme le premier sel, mais plus solide ; au-dessus il y a une fontaine douce… De ce lac on va à un autre lac, où se voit, vers le temps de la Pentecôte, du sel qui se forme en pyramides, et qu’on appelle pour cela sel pyramidal. » Voyages de Thévenot ; Paris, 1664, t. Ier, p. 487 et suiv.