Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En Asie, le fer n’est pas aussi commun dans les parties méridionales que dans les contrées septentrionales : les voyageurs disent qu’il y a très peu de mines de fer au Japon, et que ce métal y est presque aussi cher que le cuivre[1] ; cependant, à la Chine, le fer est à bien plus bas prix, ce qui prouve que les mines de ce dernier métal y sont en plus grande abondance.

On en trouve dans les contrées de l’Inde, à Siam[2], à Golconde[3] et dans l’île de Ceylan[4]. L’on connaît de même les fers de Perse[5], d’Arabie[6], et surtout les aciers

    il se trouve des mines de fer mêlées avec des terres ferrugineuses jaunes ou rouges, et l’on en tire de très bon fer. Idem, p. 284 et 285. — On trouve chez les Ostiaques, à quelque distance des bords du Jenisei, du minerai de fer fort pesant et fort riche, rouge en dehors et brun en dedans. Idem, p. 361. — M. l’abbé Chappe a compté cinquante-deux mines de fer aux environs d’Ékatérinbourg, en Sibérie : ces mines sont, dit-il, mêlées avec des terres vitrifiables ou argileuses, et jamais avec des matières calcaires ; pas une de ces mines n’est disposée en filons ; elles sont toutes par dépôts, dispersées sans ordre, du moins en apparence. On trouve presque toujours ces mines dans les montagnes basses et sur les bords des ruisseaux ; elles sont à trois pieds sous terre, elles ont vingt-quatre à trente pieds de profondeur… On fait griller toutes ces mines à l’air libre avant de les mettre au fourneau, et on en fait de très bon fer. Gmelin, Hist. générale des Voyages, t. XIX, p. 472. — M. Pallas a trouvé en Russie, aux environs de la rivière de Geni, une masse de fer du poids de cent cinquante-deux livres, qu’il a envoyée à l’académie de Pétersbourg. Cette masse a la forme d’une éponge, et est percée de trous ronds remplis de petits corps polis de couleur d’ambre : ce fer se plie aisément sans le secours du feu ; un feu médiocre suffit pour le travailler. On peut en faire toutes sortes de petits outils ; mais, lorsqu’on l’expose à l’action d’un grand feu, il perd sa souplesse, se granule et se casse, au lieu de plier. Cette masse ferrugineuse a été trouvée sous la croupe d’une montagne couverte de bois, peu éloignée du mont Rénur, près duquel est une mine d’aimant. Journal historique et politique, 30 octobre 1773, article Pétersbourg.

  1. On ne trouve du fer au Japon que dans quelques provinces, mais on l’y trouve en grande abondance, et cependant on l’y vend presque aussi cher que le cuivre. Histoire générale des Voyages, t. X, p. 655.
  2. À Siam, près de la ville de Campeng-Pei, il y a une montagne au sommet de laquelle on trouve une mine de fer dont on tire même de l’acier par la fonte ; cependant en général on connaît peu de mines de fer dans ce pays, et les Siamois ne sont pas habiles à le travailler ; car ils n’ont pas d’épingles, d’aiguilles, de clous, de ciseaux ni de ferrures : chacun se fait des épingles de bambou, comme nos ancêtres en faisaient d’épines. Histoire générale des Voyages, t. IX, p. 307 et 308. — Le village de Beausonin, au royaume de Siam, est composé de dix ou douze maisons, et est environné de mines de fer ; il y a une forge où chaque habitant est obligé de fondre cent vingt-cinq livres de fer pour le roi : toute la forge consistait en deux ou trois fourneaux que l’on remplit de charbon et de mine alternativement ; le charbon venant à se consumer peu à peu, la mine se trouve au fond en une espèce de boulet. Les soufflets dont on se sert sont deux cylindres de bois creusés, dont le diamètre peut être de sept à huit pouces. Chaque cylindre a son piston avec de petites cordes, et un homme seul le fait agir. Second voyage au royaume de Siam ; Paris, 1689, p. 242 et 243.
  3. À Golconde, on fabrique beaucoup de fer et d’acier qui se transportent en divers endroits des Indes. Histoire générale des Voyages, t. IX, p. 517.
  4. Le fer est commun dans l’île de Ceylan, et les habitants savent même en faire de l’acier. Idem, t. VIII, p. 549.
  5. On fait à Kom, en Perse, de très bonnes lames d’épées et de sabres : l’acier dont ces lames sont faites vient de Niris, proche Ispahan, où il y a plusieurs mines de ce métal. Voyages de Jean Struys ; Rouen, 1719, t. Ier, p. 272. — Les principales mines de Perse sont dans l’Hyrcanie, la Médie septentrionale, au pays des Parthes et dans la Bactriane ; mais le fer qu’on en tire n’est pas si doux que celui qu’on fait en Angleterre. Voyages de Chardin ; Amsterdam, 1711, t. II, p. 23.
  6. Les Grecs ont dit mal à propos que l’Arabie heureuse n’avait point de fer, puisque