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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/282

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Nous ne pouvons nous dispenser de parler des différents emplois de l’or dans les arts et de l’usage ou plutôt de l’abus qu’on en fait par un vain luxe pour faire briller nos vêtements, nos meubles et nos appartements, en donnant la couleur de l’or à tout ce qui n’en est pas et l’air de l’opulence aux matières les plus pauvres ; et cette ostentation se montre sous mille formes différentes. Ce qu’on appelle or de couleur n’en a que l’apparence ; ce n’est qu’un simple vernis qui ne contient point d’or, et avec lequel on peut néanmoins donner à l’argent et au cuivre la couleur jaune et brillante de ce précieux métal ; les garnitures en cuivre de nos meubles, les bras, les feux de cheminée, etc., sont peints de ce vernis couleur d’or, ainsi que les cuirs qu’on appelle dorés, et qui ne sont réellement qu’étamés et peints ensuite avec ce vernis doré. À la vérité, cette fausse dorure diffère beaucoup de la vraie, et il est très aisé de les distinguer ; mais on fait avec le cuivre, réduit en feuilles minces, une autre espèce de dorure qui peut en imposer lorsqu’on la peint avec ce même vernis couleur d’or. La vraie dorure est celle où l’on emploie de l’or : il faut pour cela qu’il soit réduit en feuilles très minces ou en poudre fine, et pour dorer tout métal, il suffit d’en bien nettoyer la surface, de le faire chauffer et d’y appliquer exactement ces feuilles ou cette poudre d’or, par la pression et le frottement doux d’une pierre hématite, qui le brillante et le fait adhérer. Quelque simple que soit cette manière de dorer, il y en a une autre peut-être encore plus facile : c’est d’étendre sur le métal qu’on

    aura été bien fait, et l’on connaîtra au juste le titre de la masse de l’argent dans laquelle on a pris les morceaux pour les essayer ; le titre sera indiqué par la quantité que l’argent aura perdue par la coupelle. Dictionnaire de chimie, article Essais.

    J’observerai ici, avec M. Tillet, qu’on a tort de négliger la petite quantité d’argent que la litharge entraîne toujours dans la coupelle, car cette quantité négligée donne lieu à des rapports constamment faux de la quantité juste d’argent que contiennent intrinsèquement les lingots dont les essayeurs établissent le titre : ce point assez délicat de docimasie a été traité dans plusieurs Mémoires insérés dans ceux de l’Académie des sciences, et notamment dans un Mémoire de M. Tillet qui se trouve dans le volume de l’année 1769 ; on y voit clairement de quelle conséquence il pourrait être qu’on ne négligeât pas la petite quantité de fin que la coupelle absorbe.

    Comme il n’y a presque point de plomb qui ne contienne de l’argent, et que cet argent a dû se mêler dans le bouton de fin, il faut, avant de faire l’essai à la coupelle par le plomb, s’assurer de la quantité d’argent que ce plomb contient, et pour cela on passe à la coupelle une certaine quantité de plomb tout seul, et l’on voit ce qu’il fournit d’argent… Le plomb de Willach, en Carinthie, qui ne contient pas d’argent, est recherché pour faire les essais…

    Lorsqu’on veut faire l’essai d’un lingot d’or, on en coupe vingt-quatre grains qu’on pèse exactement à la petite balance d’essai : on pèse d’un autre côté soixante-douze grains d’argent fin ; on passe ces deux métaux ensemble à la coupelle en employant à peu près dix fois plus de plomb qu’il n’y a d’or ; on conduit cette coupellation comme celle pour l’essai de l’argent, si ce n’est qu’on chauffe un peu plus vivement sur la fin, lorsque l’essai est prêt à faire son éclair : l’or se trouve après cela débarrassé de tout autre alliage que de l’argent…

    Ensuite on aplatit le bouton de fin sur le tas d’acier, en le faisant recuire à mesure qu’il s’écrouit, de peur qu’il ne fende ; on le réduit par ce moyen en une petite lame qu’on roule ensuite en forme de cornet, puis on en fait le départ par l’eau-forte.

    La diminution qui se trouve sur le poids de l’or, après le départ, fait connaître la quantité d’alliage que cet or contient…

    On peut aussi purifier l’or par l’antimoine, qui emporte en même temps les métaux imparfaits et l’argent dont il est mêlé ; mais cette purification de l’or n’est pas assez parfaite pour pouvoir servir à la juste détermination du titre de l’or, et il vaut mieux employer la coupellation par le plomb pour séparer d’abord l’or de tous les métaux imparfaits, et ensuite le départ pour le séparer de l’argent. Dictionnaire de chimie, article Essais.