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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/294

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Tavernier fait mention d’un morceau d’or naturel, ramifié en forme d’arbrisseau, qui serait le plus beau morceau qu’on ait jamais vu dans ce genre, si son récit n’est pas exagéré[1]. Pyrard dit aussi avoir vu une branche d’or massif et pur, longue d’une coudée et branchue comme du corail, qui avait été trouvée dans la rivière de Couesme ou Couama, autrement appelée rivière Noire, à Sofala. Dans l’Abyssinie, la province de Goyame est celle où se trouvent les plus riches mines d’or[2] : on porte ce métal, tel qu’on le tire de la mine, à Gondar, capitale du royaume, et l’on y travaille pour le purifier et le fondre en lingots. Il se trouve aussi en Éthiopie, près d’Helem, de l’or disséminé dans les premières couches de la terre, et cet or est très fin[3] ; mais la contrée de l’Afrique la plus riche, ou du moins la plus anciennement célèbre par son or, est celle de Sofala et du Monomotapa[4] : on croit, dit Marmol, que le pays d’Ophir, où Salomon tirait l’or pour orner son temple, est le pays même de Sofala ; cette conjecture serait un peu mieux fondée en la faisant tomber sur la province de Monomotapa, qui porte encore actuellement le nom d’Ophur ou Ofur[5] ; quoi qu’il en soit, cette abondance d’or à Sofala et dans le pays

    cinquante lieues de cette même jonction, dans les terrains qui avoisinent la rivière Falemé… Les mines de Ghinghi-Faranna sont à cinq lieues plus loin… Tous les ruisseaux qui arrosent ce grand territoire, et qui vont se jeter dans la rivière de Falemé, roulent beaucoup d’or que les Nègres recueillent avec le sable qui en est encore plus chargé que les terres voisines… Les montagnes voisines de Ghinghi-Faranna sont couvertes d’un gravier doré qui paraît fort mêlé de paillettes d’or…

    La plus riche de toutes les mines du Bambuk est celle qui a été découverte en 1716 ; elle est au centre du royaume, à trente lieues de la rivière de Falemé à l’est, et quarante du fort Saint-Pierre à Kaygnure, sur la même rivière. Elle est d’une abondance surprenante, et l’or en est fort pur. Il y a une grande quantité d’autres mines dans ce pays, dans l’espace de quinze à vingt lieues… Tout ce terrain des mines est environné de montagnes hautes, nues et stériles… On trouve dans tout ce pays des trous faits par les Nègres d’environ dix pieds de profondeur ; ils ne vont pas plus bas, quoiqu’ils conviennent tous que l’or est plus abondant dans le fond qu’à la surface. Histoire générale des Voyages, t. II, p. 642 et suiv.

  1. Dans les présents que le roi d’Éthiopie envoyait au Grand-Mogol, il y avait un arbre d’or de deux pieds quatre pouces de haut, et gros de cinq ou six pouces par la tige. Il avait dix ou douze branches dont quelques-unes étaient plus petites : à quelques endroits des grosses branches, on voyait quelque chose de raboteux, qui en quelque chose ressemblait à des bourgeons. Les racines de cet arbre, que la nature avait ainsi fait, étaient petites et courtes, et la plus longue n’avait pas plus de quatre ou cinq pouces. Voyages de Tavernier, t. IV, p. 86 et suiv.
  2. Lettres édifiantes, quatrième Recueil, p. 338.
  3. Lettres édifiantes, quatrième Recueil, p. 400.
  4. Le royaume de Sofala est arrosé principalement par deux grands fleuves, Rio del Espirito-Santo et Guama. Ces deux fleuves et toutes les rivières qui s’y déchargent sont célèbres par le sable d’or qui roule avec leurs eaux. Au long du fleuve de Cuama, il y a beaucoup d’or dont les mines sont fort abondantes ; ces mines portent le nom de Manica, et sont éloignées d’environ cinquante lieues de montagnes, au-dessus desquelles l’air est toujours serein. Il y a d’autres mines à cent cinquante lieues qui avaient précédemment beaucoup plus de réputation : on trouve dans ce grand pays des édifices d’une structure merveilleuse, avec des inscriptions d’un caractère inconnu. Les habitants ignorent tout à fait leur origine. Histoire générale des Voyages, t. Ier, p. 9 et 91.
  5. Les plus riches mines d’or du royaume de Mongas, dans le Monomotapa, sont celles de Massapa, qui portent le nom d’Ofur ; on y a trouvé un lingot d’or de douze mille ducats, et un autre de quarante mille. L’or s’y trouve non seulement entre les pierres, mais même sous l’écorce de certains arbres jusqu’au sommet, c’est-à-dire jusqu’à l’endroit où le tronc commence à se diviser en branches. Les mines de Manchika et de Butna sont peu inférieures à celles d’Ofur. Hist. générale des Voyages, t. V, p. 224. — Cet empire est arrosé de plusieurs rivières qui roulent de l’or ; telles sont Passami, Luanga, Mangiono et quelques autres. Dans