teints d’autres couleurs, brunes, grises, etc. : par exemple, on tire des ruisseaux du pays d’Arécaja de l’or en forme de dragées de plomb, et qui ressemblent à ce métal par leur couleur grise ; on trouve aussi de cet or gris dans les torrents de Coroyeo ; celui que les eaux roulent dans le pays d’Arécaja vient probablement des mines de la province de Carabaja qui en est voisine, et c’est l’une des contrées du Pérou qui est la plus abondante en or fin, qu’Alphonse Barba dit être de vingt-trois carats trois grains[1], ce qui serait à peu près aussi pur que notre or le mieux raffiné.
Les terres du Chili sont presque aussi riches en or que celles du Mexique et du Pérou : on a trouvé, à douze lieues vers l’est de la ville de la Conception, des pépites d’or, dont quelques-unes étaient du poids de huit ou dix marcs et de très haut aloi ; on tirait autrefois beaucoup d’or vers Angol, à dix ou douze lieues plus loin, et l’on pourrait en recueillir en mille autres endroits, car tout cet or est dans une terre qu’il suffit de laver[2]. Frézier, dont nous tirons cette indication, en a donné plusieurs autres avec un égal discernement sur les mines des diverses provinces du Chili[3] : on trouve encore de l’or dans les terres qu’arrosent le Maragnon, l’Orénoque, etc.[4] ; il y en a aussi dans quelques
- ↑ Métallurgie d’Alphonse Barba, t. Ier, p. 97.
- ↑ Voyage de Frézier, p. 76.
- ↑ Tit-Til, village du Chili, est situé à mi-côte d’une haute montagne qui est toute pleine de mines d’or qui ne sont pas fort riches, et dont la pierre ou minerai est fort dure. On écrase ce minerai sous un bocard ou sous une meule de pierre dure, et, lorsque ce minerai est concassé, on jette du mercure dessus pour en tirer l’or ; on ramasse ensuite cet amalgame d’or et de mercure, on le met dans un nouet de toile pour en exprimer le mercure autant qu’on peut ; on le fait ensuite chauffer pour faire évaporer ce qui en reste, et c’est ce qu’on appelle de l’or en pigne ; on fait fondre cette pigne pour achever de la dégager du mercure, et alors on connaît le juste prix et le véritable aloi de cet or… L’or de ces mines est à vingt ou vingt et un carats… Suivant la qualité des minières et la richesse des veines, cinquante quintaux de minerai, ou chaque caxon, donne quatre, cinq et six onces d’or ; car, quand il n’en donne que deux, le mineur ne retire que ses frais, ce qui arrive assez souvent. On peut dire que ces mines d’or sont, de toutes les mines métalliques, les plus inégales en richesse de métal, et par conséquent en produit. On poursuit une veine qui s’élargit, se rétrécit, semble même se perdre, et cela dans un petit espace de terrain ; mais ces veines aboutissent quelquefois à des endroits où l’or paraît accumulé en bien plus grande quantité que dans le reste de la veine… À la descente de la montagne de Valparaiso, du côté de l’ouest, il y a une coulée dans laquelle est un riche lavoir d’or ; on y trouve souvent des morceaux d’or vierge d’environ une once… Il s’en trouve quelquefois de plus gros et de deux ou trois marcs… On trouve aussi dans cette même contrée beaucoup d’or dans les terres et les sables, surtout au pied des montagnes et dans leurs angles rentrants, et on lave ces terres et sables dans lesquels souvent l’or n’est point apparent, ce qui est plus facile à exploiter que de le tirer de la minière en pierre, parce qu’il ne faut ici ni moulin, ni vif-argent, ni ciseaux, ni masse pour rompre les veines du minerai… Ces terres, qui contiennent de l’or, sont ordinairement rougeâtres, et l’on trouve l’or à peu de pieds de profondeur. Il y a des mines très riches et des moulins bien établis à Copiago et Lampangui. La montagne où se trouvent ces mines en pierre est auprès des Cordillères ; à 31 degrés de latitude sud, à quatre-vingts lieues de Valparaiso, on y a découvert, en 1710, quantité de mines de toutes sortes de métaux, d’or, d’argent, de fer, de plomb, de cuivre et d’étain… L’or de Lampangui est de vingt et un à vingt-deux carats, le minerai y est dur ; mais à deux lieues de là, dans la montagne de l’Eavin, il est tendre et presque friable, et l’or y est en poudre si fine qu’on n’y en voit à l’œil aucune marque. Voyage de la mer du Sud, etc., par Frézier ; Paris, 1732, p. 96 et suiv.
- ↑ La rivière nommée Tapajocas, dans le gouvernement de Maragnon, roule de l’or dans les sables, depuis une montagne médiocre nommée Yuquaratinci. Cette rivière, qui est dans le pays des Curabatubas, arrose le pied de cette montagne. Histoire générale des Voyages, t. XIV, p. 20. — La rivière de Caroli, qui tombe dans l’Orénoque, roule de l’or dans ses sables, et Raleigh remarqua des fils d’or dans les pierres. Idem, p. 350.