En Suède, les mines de cuivre sont non seulement très nombreuses, mais aussi très abondantes et très riches : la plus fameuse est celle du cap Ferberg ; on en prendrait d’abord le minerai pour une pyrite cuivreuse, et cependant il n’est que peu sulfureux, et il est mêlé d’une pierre vitreuse et fusible ; il rend son cuivre dès la première fonte ; il y a plusieurs autres mines qui ne sont pas si pures et qui, néanmoins, peuvent se fondre après avoir été grillées une seule fois ; il n’est pas même nécessaire d’y ajouter d’autres matières pour en faciliter la fusion, il ne faut que quelques scories vitreuses pour leur faire un bain et les empêcher de se calciner à la fonte[1].
En Danemark et en Norvège, selon Pontoppidan, il y a des mines de cuivre de toute espèce : celle de Roraas est la plus renommée ; trois fourneaux qui y sont établis ont rendu, en onze années, quarante mille neuf cent quarante-quatre quintaux de cuivre[2]. M. Jars dit « que cette mine de Roraas ou de Reuras est une mine immense de pyrites cuivreuses, si près de la surface de la terre que l’on a pu facilement y pratiquer des ouvertures assez grandes pour y faire entrer et sortir des voitures qui en transportent au dehors les minerais, et que cette mine produit annuellement douze mille quintaux et plus de cuivre[3]. »
On trouve aussi des indices de mines de cuivre en Laponie, à soixante lieues de Tornea, et en Groenland : l’on a vu du vert-de-gris et des paillettes cuivreuses dans des pierres, ce qui démontre assez qu’il s’y trouve aussi des mines de ce métal[4].
En Islande, il y a de même des mines de cuivre, les unes à sept milles de distance de la ville de Wiclow ; d’autres dans la montagne de Crown-Bawn, qui sont en exploitation, et dont les fosses ont depuis 40, 50 et jusqu’à 60 toises de profondeur[5]. Le relateur observe : « Que les ouvriers ayant laissé une pelle de fer dans une de ces mines de cuivre, où il coule de l’eau, cette pelle se trouva quelque temps après tout incrustée de cuivre, et que c’est d’après ce fait que les habitants ont pris l’idée de tirer ainsi le cuivre de ces eaux, en y plongeant des barres de fer ; il ajoute que non seulement le cuivre incruste le fer, mais que cette eau cuivreuse le pénètre et semble le convertir en cuivre, que le tout tombe en poudre au fond du réservoir où l’on contient cette eau cuivreuse ; que les barres de fer contractent d’abord une espèce de rouille qui, par degrés, consomme entièrement le fer ; que le cuivre qui est dans l’eau étant ainsi continuellement attiré et fixé par le fer, il se précipite au fond en forme de sédiment, qu’il faut pour cela du fer doux, et que l’acier n’est pas propre à cet effet ; qu’enfin ce sédiment cuivreux est en poudre rougeâtre. » Nous observerons que c’est non seulement dans ces mines d’Islande, mais dans plusieurs autres, comme dans celles de Suède, du Hartz, etc., que l’on trouve de temps en temps, et en certains endroits abandonnés depuis longtemps, des fers incrustés de cuivre, et des bois dans lesquels ce métal s’est insinué en forme de végétation, qui pénètre entre les fibres du bois et en remplit les intervalles[6] ; mais ce n’est point une pénétration intime du cuivre dans le fer, comme le dit le relateur, et encore moins une conversion de ce métal en cuivre.
- ↑ Traité de la fonte des mines de Schlutter, t. II, p. 493.
- ↑ Journal étranger, mois d’août 1755.
- ↑ Mémoires des Savants étrangers, t. IX, p. 452.
- ↑ Histoire générale des Voyages, t. XIX, p. 30.
- ↑ Le premier minéral qu’on y trouve en creusant est une pierre ferrugineuse ; au-dessous on découvre une mine de plomb qui semble être mêlée avec de l’argile, mais qui donne beaucoup de plomb et peu d’argent, et plus bas, une mine pierreuse et brillante qui rend soixante-quinze onces d’argent par tonne de mine, et en outre une grande quantité de plomb le plus fin : après avoir percé quelques toises plus bas, on arrive à la veine de cuivre qui est très riche, et qu’on peut suivre jusqu’à une certaine profondeur. Journal étranger, mois de décembre 1754, p. 115, jusques et compris p. 120.
- ↑ Bibliothèque raisonnée, t. XLIII, p. 70.