à la baie d’Hudson[1] ; il y a d’autres mines de cuivre de seconde formation aux Illinois[2] et aux Sioux[3] ; et, quoique les voyageurs ne disent pas qu’il se trouve en Amérique des mines de tombac comme en Asie et en Afrique, cependant les habitants de l’Amérique méridionale ont des anneaux, des bracelets et d’autres ornements d’une matière métallique qu’ils nomment caracoli, et que les voyageurs ont regardée comme un mélange de cuivre, d’argent et d’or produit par la nature ; il est vrai que ce caracoli ne se rouille ni ne se ternit jamais ; mais il est aigre, grenu et cassant ; on est obligé de le mêler avec de l’or pour le rendre plus doux et plus traitable ; il est donc entré de l’arsenic ou de l’étain dans cet alliage ; et, si le caracoli n’est pas du platine, ce ne peut être que du tombac altéré par quelque minéral, d’autant que le relateur ajoute : « Que les Européens ont voulu imiter ce métal en mêlant six parties d’argent, trois de cuivre et une d’or ; mais que cet alliage n’approche pas encore de la beauté du caracoli des Indiens, qui paraît comme de l’argent surdoré légèrement avec quelque chose d’éclatant, comme s’il était un peu enflammé[4]. » Cette couleur rouge et brillante n’est point du tout celle du platine, et c’est ce qui me fait présumer que ce caracoli des Américains est une sorte de tombac, un mélange d’or, d’argent et de cuivre, dont la couleur s’est peut-être exaltée par l’arsenic.
Les régions d’où l’on tire actuellement la plus grande quantité de cuivre sont le Chili, le Mexique et le Canada, en Amérique ; le royaume de Maroc et les autres provinces de Barbarie en Afrique ; le Japon et la Chine en Asie, et la Suède en Europe : partout on doit employer, pour extraire ce métal, des moyens différents, suivant la différence des mines ; celles du cuivre primitif ou de première formation par le feu, ou celles de décomposition par l’eau, et qui toutes sont dans l’état métallique, n’ont besoin que d’être fondues une seule fois pour être réduites en très bon métal ; elles donnent par conséquent un grand produit à peu de frais : après les mines primordiales qui coûtent le moins à traiter, on doit donc s’attacher à celles où le cuivre se trouve très atténué, très divisé, et où néanmoins il conserve son état métallique ; telles sont les eaux chargées de parties cuivreuses qui découlent de la plupart de ces mines. Le cuivre charrié par l’eau y est dissous par l’acide vitriolique, et cet acide s’attachant au fer qu’on plonge dans cette eau, et le détruisant peu à peu, quitte en même temps le cuivre et le laisse à la place du fer : on peut donc facilement tirer le cuivre de ces eaux qui en sont chargées en y plongeant des lames de fer, sur lesquelles il s’attache en atomes métalliques, qui forment bientôt des incrustations massives. Ce cuivre de cémentation donne, dès la première fonte, un métal aussi pur que celui du cuivre primitif : ainsi l’on peut assurer que, de toutes les mines de
- ↑ Aux environs de la rivière Danoise, à la baie d’Hudson, il y a une mine de cuivre rouge, si abondante et si pure, que, sans le passer par la forge, les sauvages ne font que le frapper entre deux pierres, tel qu’ils le recueillent dans la mine, et lui font prendre la forme qu’ils veulent lui donner. Voyage de Robert Lade. Traduction, Paris, 1744, t. II, p. 316.
- ↑ Il y a aussi une mine de cuivre au pays des Illinois, qui est jointe à une mine de plomb, à lames carrées ; la partie cuivreuse est en verdet, et le total est mêlé d’une terre jaunâtre qui paraît ferrugineuse. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1752, p. 216.
- ↑ Charlevoix rapporte que Le Sueur avait découvert une mine de cuivre très abondante dans une montagne près d’une rivière au pays de Sioux, dans l’Amérique septentrionale, et qu’il en avait fait tirer en vingt-deux jours trente livres pesant ; il ajoute que la terre de cette mine est verte et surmontée d’une croûte noire et aussi dure que le roc. Histoire et description de la Nouvelle-France. Paris, 1744, t. II, p. 413.
- ↑ Nouveau voyage aux îles de l’Amérique. Paris, 1722, t. II, p. 21.
à la mission du saut Sainte-Marie. Histoire de la Nouvelle-France, par Charlevoix, t. III, p. 281.