cure en Espagne ; cependant on en a reconnu quelques-unes près d’Alicante et de Valence[1] ; on a aussi exploité une mine de ce minéral en Italie, à six milles de la Valle imperina, près de Feltrino, mais cette mine est actuellement abandonnée[2] ; on voit de même des indices de mines de mercure en quelques endroits de la Pologne[3].
En Asie, les voyageurs ne font mention de mines de mercure qu’à la Chine[4] et aux Philippines[5], et ils ne disent pas qu’il y en ait une seule en Afrique ; mais en Amérique, outre la grande et riche mine de Guanca-Velica du Pérou, on en connaît quelques autres ; on en a même exploité une près d’Azoque, dans la province de Quito[6]. Les Péruviens travaillaient depuis longtemps aux mines de cinabre, sans savoir ce que c’était que le mercure : ils n’en connaissaient que la mine dont ils faisaient du vermillon pour se peindre le corps ou faire des images ; ils avaient fait beaucoup de travaux à Guanca-Velica dans cette seule vue[7], et ce ne fut qu’en 1567 que les Espagnols commencèrent à travailler le cinabre pour en tirer le mercure[8]. On voit, par le témoignage de Pline, que les Romains faisaient aussi grand cas du vermillon, et qu’ils tiraient d’Espagne, chaque année, environ dix mille livres de cinabre tel qu’il sort de la mine, et qu’ils le préparaient ensuite à Rome. Théophraste, qui vivait quatre cents ans avant Pline, fait mention du cinabre d’Espagne : ces traits historiques semblent prouver que les mines d’Idria, bien plus voisines de Rome que celles d’Espagne, n’étaient pas encore connues et, de fait, l’Espagne était policée et commerçante, tandis que la Germanie était encore inculte.
On voit, par cette énumération des mines de mercure des différentes parties du monde, que toutes gisent dans les couches de la terre remuée et déposée par les eaux, et qu’aucune
- ↑ À deux lieues de la ville d’Alicante… en une montagne de pierre calcaire… en fouillant du côté du vallon, on trouva une veine de cinabre ; mais, quand je vis cette veine disparaître à cent pieds de profondeur, je fis suspendre l’excavation.
Dans cette ouverture de la roche on trouva treize onces de sable de belle couleur rouge, qui, par l’essai, rendit plus d’une once de vif-argent par livre. Ce sable, par sa dureté et sa figure angulaire, ressemblait tout à fait à celui de la mer… À la superficie de cette montagne et près d’un banc de plâtre couleur de chair, il y avait des coquilles de mer, de l’ambre minéral et une veine, comme un fil, de cinabre… Je fis creuser au pied d’une montagne, près de la ville de Saint-Philippe en Valence, et à la profondeur de vingt-deux pieds, il se trouve une terre très dure, blanche et calcaire, dans laquelle on aperçoit plusieurs gouttes de vif-argent fluide, et, ayant fait laver cette terre, il en sortit vingt-cinq livres de mercure vierge… Un peu au-dessus de l’endroit où se trouve le mercure, il y a des pétrifications et du plâtre. La ville de Valence est traversée par une bande de craie sans pétrifications, qui, à deux pieds de sa superficie, est remplie de gouttes de vif-argent… Histoire naturelle d’Espagne, par M. Bowles, p. 34 et suiv.
- ↑ Lettres sur la minéralogie, par Ferber, p. 48.
- ↑ Rzaczynski dit, d’après Belius, que la partie des monts Karpathes qui regarde la Pologne renferme du cinabre et peut-être des paillettes d’or… et il dit, d’après Bruckmann, que le comté de Spia renferme aussi du cinabre. M. Guettard, Mémoires de l’Académie des sciences, année 1762, p. 318.
- ↑ Le tchacha est probablement le cinabre ; le meilleur vient de la province de Houquang ; il est plein de mercure, et l’on assure que d’une livre de cinabre on en tire une demi-livre de mercure coulant… Lorsqu’on laisse ce cinabre à l’air, il ne perd rien de sa couleur et il se vend fort cher. Le Père d’Entrecolles, Lettres édifiantes, vingt-deuxième Recueil, p. 358.
- ↑ L’île de Panamao, aux Philippines, est presque contiguë à celle de Leyte… elle est montagneuse, arrosée de plusieurs ruisseaux et pleine de mines de soufre et de vif-argent. Gemelli Gareri, Voyage autour du monde, Paris, 1719, t. V, p. 119.
- ↑ Histoire générale des Voyages, t. XIII, p. 598.
- ↑ Histoire naturelle des Indes, par Acosta, p. 150.
- ↑ Histoire philosophique et politique des deux Indes, t. III, p. 235.