Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelquefois douze à quinze, d’autres fois elle n’en a que quatre. Son mur a toute la consistance nécessaire, mais le toit, composé de schiste friable et d’une terre limoneuse que l’eau dissout facilement, s’écroulerait bientôt si on ne l’étayait par de bons boisages et par des massifs pris dans la veine même. Le charbon de cette mine est très pyriteux : aussi n’est-il nullement propre aux usages des forges, la quantité de soufre que produisent les pyrites devant corroder et détruire le fer ; cependant il se trouve dans l’épaisseur de la veine de petits lits de très bon charbon qui serait propre à la forge, s’il était extrait et trié avec soin.

La mine de Montcenis, ainsi que celle de Blansy et autres des environs, sont dirigées de l’est à l’ouest, et s’inclinent vers le nord de vingt-cinq ou trente degrés. On exploite deux veines principales, dont les épaisseurs varient depuis dix jusqu’à quarante-cinq pieds : la première extraction, comme celle de la plupart de nos mines de France, a été mal conduite ; on l’a commencée par la tête de la veine, en sorte que les ouvriers sont souvent exposés à percer dans les ouvrages supérieurs, et à y éprouver des éboulements. Le lit de cette mine de Montcenis est un schiste très dur et pyriteux d’un pied d’épaisseur, dans lequel on voit des empreintes de plantes en grand nombre. Le charbon de la tête de cette mine est fort pyriteux, mais celui qui se tire plus profondément l’est beaucoup moins, et en général ce charbon a le défaut de s’émietter à l’air : il faut donc l’employer au sortir de la minière, car on ne peut le transporter au loin sans qu’il subisse une grande altération et ne tombe en détriments ; dans cet état de décomposition, il ne donne que très peu de chaleur et se consume en peu de temps, au lieu que dans son premier état, au sortir de la mine, il fait un feu durable.

Les mines de Rive-de-Gier, dans le Lyonnais, sont en grande et pleine exploitation : il y a actuellement, dit M. de Grignon, plus de huit cents ouvriers occupés à l’extraction du charbon par vingt-deux puits qui communiquent aux galeries des différentes minières, dont les plus profondes sont à quatre cents pieds. On tire de ces mines, comme de presque toutes les autres, trois sortes de charbon : le pérat en très gros blocs et de la meilleure qualité ; le maréchal qui est menu et qui est séparé du banc de pérat par une couche de mauvais charbon mou ; et enfin un charbon dur, compact et terreux, qui est voisin du toit et des lisières de la mine. Ce toit est un schiste rougeâtre et limoneux qui brunit et noircit à mesure qu’il est plus voisin du charbon, et dans cette partie il porte un grand nombre d’empreintes de végétaux. Le charbon de ces mines de Rive-de-Gier est plus compact et plus pesant que celui de Montcenis ; son feu est plus âpre et plus durable ; il donne une flamme vive, rouge et abondante ; il n’est que peu pyriteux, mais très bitumineux.

La plupart des mines du Forez[1], du Bourbonnais[2], de l’Auvergne[3], sont en amas

    mêmes angles, et qui toutes ensemble forment une figure presque régulière. » Journal de Physique, etc., mois de juillet 1773, p. 69.

  1. Les mines de charbon se trouvent dans le haut Forez ; elles sont en montagnes, et par conséquent aisées à exploiter, en tirant les eaux par des galeries latérales : les charbons se trouvent presqu’à la superficie dans les fonds ; ces mines sont très abondantes autour de Saint-Étienne, dont le territoire peut être regardé comme le centre de toutes les mines de cette province ; elles embrassent une longueur d’environ six lieues du levant au couchant, occupant un vallon dont la plus grande largeur, du midi au nord, n’est pas d’une demi-lieue. Du charbon de terre, etc., par M. Morand, p. 160.
  2. La mine du Bourbonnais, qui fournit Paris depuis plus d’un siècle, est dans la terre de Fims, paroisse de Châtillon, à quatre lieues environ de Moulins. Il y a une autre mine à trois lieues et demie de Moulins, sur la route de Limoges, dans le territoire de Noyan : le charbon de cette mine, ouverte depuis quelque temps, est en beaux morceaux très solides, séparés seulement de distance en distance par des feuillets considérables d’un très beau spath. La seconde veine a souvent sept à huit pieds d’épaisseur ; la première n’en a que trois et demi sur quatre à cinq toises de largeur. Du charbon de terre, etc., par M. Morand, p. 161.
  3. C’est particulièrement dans la Limagne ou basse Auvergne que les mines de charbon