Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome III.djvu/46

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celle de Whitehaven, petite ville située sur les côtes occidentales d’Angleterre, qui fait un grand commerce de charbon de terre. La montagne où s’exploite la mine a environ cent vingt toises perpendiculaires jusqu’au plus profond des travaux : on compte dans cette hauteur une vingtaine de couches différentes, mais il n’y en a que trois d’exploitables. Leur pente est communément d’une toise perpendiculaire sur six à sept toises de longueur.

La première de ces couches exploitables est séparée de la seconde par des rochers d’environ quinze toises d’épaisseur ; elle a depuis quatre jusqu’à cinq pieds d’épaisseur en charbon un peu pierreux et d’une qualité médiocre. On n’en extrait que pour chauffer les chaudières où l’on évapore l’eau de la mer pour en retirer le sel.

La seconde couche est de sept à huit pieds d’épaisseur ; le charbon y est divisé par deux différents lits d’une terre très dure et de couleur noirâtre, qu’on nomme mettle : cette terre est très vitriolique et s’effleurit à l’air. La couche supérieure de mettle a un pied d’épaisseur, et l’inférieure seulement quatre à cinq pouces. On distingue la veine de charbon en six lits, dont les charbons portent différents noms.

Des trois grandes couches exploitables, la troisième, qui est d’environ vingt toises plus basse que la seconde, est la meilleure : elle a dix pieds d’épaisseur et elle est toute de bon charbon, sans aucun mélange de mettle[1].

On rencontre souvent des dérangements dans les veines, principalement dans leur inclinaison. Le rocher du toit, et surtout celui du mur, font monter ou descendre la veine tout à coup. Il y a un endroit où elles sont éloignées de quinze toises perpendiculaires de la ligne horizontale. D’autres fois, ces rochers coupent presque entièrement les couches et ne laissent apercevoir qu’un petit filet ou une trace presque imperceptible de la veine.

M. Jars fait encore mention des mines de Worsleg, dans le comté de Lancastre, dont la pente paraît être de deux toises sur sept, et dont le charbon est moins bitumineux et moins bon que celui de Newcastle, quoique la nature des rochers soit la même ; mais la

    du bon charbon passe pour être d’une excellente qualité… Il est extrêmement bitumineux ; il se colle très facilement, et forme une voûte, ce qui le rend très propre à forger le fer ; mais il faut le remuer souvent pour les autres usages, sans quoi le bitume se réunit tout ensemble en une seule masse dans laquelle l’air ne peut circuler. La grande abondance de bitume fait qu’il donne beaucoup de fumée, ce qui le rend désagréable dans les appartements. Idem, ibidem.

  1. « Dans les montagnes d’Alston-Moor, dit M. Jars, comté de Cumberland, on trouve une espèce de charbon sans bitume, mais sulfureux ; on le nomme crow-coal ; il n’est pas bon pour la forge, mais excellent pour cuire la chaux : et comme il ne fait pas de fumée, il est bon pour les appartements…

    » L’exploitation des mines de Whitehaven est très étendue, puisque, depuis l’entrée, les travaux sont ouverts pendant une demi-lieue de France, toujours en suivant la pente de la couche… Une partie des ouvrages où l’on travaille chaque jour se trouve plus d’un quart de lieue entièrement sous la mer ; mais il n’y a point de danger, puisqu’on estime que les rochers qui sont entre l’eau et l’ouvrage ont plus de cent toises d’épaisseur…

    » Ce charbon se détache en gros morceaux de la mine, à l’aide de coins et de masses de fer…

    » Il y a six veines dans la mine de Workington, qui sont toutes exploitables : elles sont à peu près à neuf ou dix toises de distance les unes des autres ; la supérieure n’a que deux pieds trois pouces d’épaisseur… Mais il y en a une autre qui a sept pieds, dans laquelle néanmoins il n’y a que quatre pieds de charbon : elle se trouve séparée par deux lits de terre noire ; j’en ai vu un tas qui a effleuri et s’est échauffé au point qu’il a pris feu : il en sort une fumée qui se condense en soufre dans les ouvertures par où elle sort. La dernière couche, qui est à soixante toises perpendiculaires dans l’endroit du puits, a quatre pieds d’épaisseur ; son charbon est pur et d’une très bonne qualité… Ces mines, ainsi que celle de Whitehaven, ont été sujettes de tout temps à un mauvais air qui a coûté la vie à un grand nombre d’ouvriers. » Voyages métallurgiques, par M. Jars, p. 238 et suiv.