à la tourmaline de Ceylan, et diffèrent, selon M. Muller, de celle du Brésil ; il dit « qu’on doit rapporter à la classe des zéolithes les tourmalines du Tyrol comme celles de Ceylan, et que la tourmaline du Brésil semble approcher du genre des schorls, parce qu’étant mise en fusion à l’aide du chalumeau, cette tourmaline du Brésil ne produit pas les mêmes effets que celle du Tyrol, qui d’ailleurs est de couleur enfumée comme la vraie tourmaline, au lieu que celle du Brésil n’est pas de la même couleur. » Mais le traducteur de cette lettre de M. Muller observe, avec raison, qu’il y a des schorls électriques qui ne jettent pas, comme la tourmaline, un éclat phosphorique lorsqu’ils entrent en fusion ; il me paraît donc que ces différences indiquées par M. Muller ne suffisent pas pour séparer la tourmaline du Brésil des deux autres, et que toutes trois doivent être regardées comme des produits de différents schorls qui peuvent varier et varient en effet beaucoup par les couleurs, la densité, la fusibilité, ainsi que par la forme de cristallisation.
Et ce qui démontre encore que ces tourmalines ont plus de rapport avec les schorls cristallisés en prismes qu’avec les zéolithes, c’est que M. Muller ne dit pas avoir trouvé des zéolithes dans le lieu d’où il a tiré ses tourmalines, et que M. Jaskevisch y a trouvé du schorl vert[1].
PIERRES DE CROIX
On observe, dans quelques-uns des faisceaux ou groupes cristallisés des schorls, une disposition dans leurs aiguilles à se barrer et se croiser les unes les autres en tout sens, en toute direction et sous toutes sortes d’angles. Cette disposition a son plein effet dans la pierre de croix, qui n’est qu’un groupe formé de deux ou quatre colonnes de schorl, opposées et croisées les unes sur les autres ; mais ici, comme dans toute autre forme, la nature n’est point asservie à la régularité géométrique ; les axes des branches croisées de cette pierre de croix ne se répandent presque jamais exactement ; ses angles sont quelquefois droits, mais plus souvent obliques ; il y a même plusieurs de ces pierres en losange, en croix de saint André : ainsi, cette forme ou disposition des colonnes, dont cette cristallisation du schorl est composée, n’est point un phénomène particulier, mais rentre dans le fait général de l’incidence oblique ou directe des rayons du schorl les uns sur les autres : les prismes dont les branches de la pierre de croix sont formées sont quadrangulaires, rhomboïdaux, et souvent deux de leurs bords sont tronqués. On trouve communément ces pierres dans le schiste micacé[2], et la plupart paraissent incrustées de mica : peut-être même ce mica est-il entré dans leur composition et en a-t-il déterminé la forme, car cette pierre de croix est certainement un schorl de formation secondaire.
- ↑ À quatre postes d’Inspruck, il y a une mine d’or dans un endroit nommé Zillerthal ; la gangue est un schiste dur, verdâtre, traversé par le quartz ; on en retire fort peu d’or ; mais cette mine est très fameuse par la production de la tourmaline décrite par M. Muller. La gangue de la tourmaline est un schiste verdâtre, mêlé avec beaucoup de mica. On a découvert dans la même mine où se trouve la tourmaline du schorl vert, du mica couleur de cuivre et de couleur verte et noire, en grandes lames, le schiste talqueux avec des grenats, le vrai talc blanc en assez gros morceaux. Supplément au Journal de Physique d’octobre 1782, p. 311 et 311.
- ↑ Lettres du docteur Demeste, p. 279 et suiv.
poids : elle conserve sa transparence et sa qualité électrique, quoiqu’on l’ait fait rougir à plusieurs reprises, et que même on ait poussé le feu au point de la faire fondre à la superficie. Idem, ibidem.