Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/45

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éléments qui peuvent les décomposer. Nos observateurs en minéralogie prétendent s’être assurés que, quand la décomposition de ces pyrites s’opère par la voie humide, c’est-à-dire par l’action de l’air et de l’eau, cette altération commence par le centre de la masse pyriteuse, au lieu que, si c’est par le feu qu’elles se décomposent, les parties extérieures de la pyrite sont les premières altérées, et celles du centre les dernières : quoi qu’il en soit, les pyrites exposées à l’air perdent bientôt leur dureté et même leur consistance ; elles ne sont point attirables à l’aimant dans leur état primitif, non plus que dans celui de décomposition, preuve évidente que, dès leur première formation, le fer qui leur sert de base était lui-même décomposé, et dans un état de rouille ou de chaux produit par l’impression des éléments humides : les pyrites martiales doivent donc être regardées comme les premières et les plus anciennes concrétions solides du fer, formées par l’intermède de l’eau.

Les pyrites qui se présentent sous une forme cubique et à faces planes contiennent plus de feu et résistent plus à l’action des éléments humides que les pyrites globuleuses, parce que ces dernières sont composées de moins de fer et des principes du soufre en plus grande quantité que les premières : toutes ces pyrites, en se décomposant, donnent naissance à plusieurs mines de fer de dernière formation, et produisent les enduits brillants et pyriteux des coquilles des poissons et des bois enfouis dans la terre.

Lorsque les pyrites martiales sont mêlées d’arsenic en quantité sensible, on leur donne le nom de marcassites ; en général, les marcassites, comme les pyrites, ne contiennent le fer que dans son état de rouille ou de décomposition par l’humidité qui a détruit sa propriété magnétique, souvent ces pyrites arsenicales sont mêlées de différents métaux ; et parmi ces marcassites mélangées de différents métaux, on remarque celles qui sont couleur d’or que l’on trouve en Italie[1] et au cap Vert[2].

Dans les marcassites qui contiennent autant ou plus de cuivre que de fer, on peut distinguer la marcassite vitrée de Cramer, qui, quoique assez abondante en cuivre, est néanmoins très difficile à fondre[3] ; et à l’égard des marcassites, plus arsenicales que ferrugineuses, nous renvoyons à ce que nous en avons dit à l’article de l’Arsenic[4].


MINE DE FER PYRITIFORME

Cette concrétion ferrugineuse est indiquée par nos nomenclateurs sous la dénomination de mine brune hépatique, parce que, ordinairement, elle est d’un brun rougeâtre ou couleur de foie ; mais ce caractère étant purement accidentel, équivoque, et commun à d’autres mines de fer, il m’a paru qu’on devait désigner celle-ci par une dénomination qui la distingue de toutes les autres ; je l’appelle mine de fer pyritiforme[NdÉ 1], parce qu’elle se présente toujours sous la forme de pyrite, et que sa substance n’est en effet qu’une pyrite qui s’est décomposée sans changer de figure : ces mines se présentent toutes en petites masses plus ou moins concrètes, et qui conservent encore la forme des pyrites qui néanmoins ont perdu leur solidité, leur dureté, leur pesanteur, et qui se sont pour ainsi dire désorganisées et réduites en terre ferrugineuse.

  1. Cristallographie, par M. Romé de Lisle, article Marcassite couleur d’or.
  2. Idem, ibidem.
  3. Idem, ibidem.
  4. Tome III, page 430.
  1. C’est un sulfure de fer.