Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 1.djvu/83

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rencontre le charbon dont les premières couches gisent sous une espèce de monticule d’argile pure ou marneuse, ou mêlée de sable quartzeux ; la sonde en tire de l’argile plus ou moins pure, du charbon, de la pierre calcaire ordinairement feuilletée, quelquefois des bois charbonnifiés qui conservent leurs caractères ligneux, et qui sont mêlés avec des coquilles : ces premières couches sont suivies d’autres lits d’argile, de pierres calcaires, ou de charbons dont l’épaisseur varie. L’inclinaison de ces couches est la même que celle de la base sur laquelle elles s’appuient, et il est important de remarquer que l’on trouve souvent, à de grandes profondeurs, la matière même du charbon adhérente à la pierre calcaire, et que dans les points de contact, les molécules du charbon sont mêlées et confondues avec celles de la pierre, de manière qu’on doit rapporter à la même époque la formation de ces pierres et celle du charbon.

Mais, au contraire, les mines de charbon collant qui sont situées dans les montagnes granitiques ou schisteuses ont été déposées dans des espèces de bassins où les courants de la mer ont transporté les argiles, les sables, les micas avec les matières végétales ; quelquefois les flots ont entraîné des pierres de diverses espèces et en ont formé ces amas de cailloux roulés qu’on trouve au-dessus ou au-dessous des charbons collants ; d’autres fois, les bois et autres végétaux ont été accumulés sur les sables ou sur les argiles où ils ont formé des couches parallèles lorsqu’ils ont été déposés sur un sol uni horizontal, et n’ont formé que des pelotons ou des masses irrégulières et des lits tortueux interrompus et inclinés, lorsqu’ils ont été déposés sur une base inégale ou inclinée ; et l’on doit observer que jamais le charbon collant ne porte immédiatement sur le granit. M. Faujas a observé qu’il existe constamment une couche de grès, de sable quartzeux, ou de pierres vitreuses roulées et arrondies par le frottement entre les granits et les couches de charbon ; et si ces mêmes couches renferment des lits intermédiaires d’argile en masse ou d’argile feuilletée, ces argiles sont également séparées du granit par les sables, les grès, les pierres roulées, ou par d’autres matières provenant de la décomposition des roches vitreuses : telles sont les différences que l’on peut remarquer, suivant M. Faujas, entre les charbons secs et les charbons collants, tant pour leur nature que pour leur gisement dans les terrains calcaires et dans les terrains granitiques et schisteux. Ce naturaliste présume, avec raison, que la nature des charbons secs, toujours situés dans les terrains calcaires, tient en grande partie à leur formation contemporaine de celle des substances coquilleuses : la matière de ces charbons s’est mêlée avec la substance animale des coquillages dont les dépouilles ont formé les bancs de pierres calcaires ; et les bois qui ont été convertis en charbon sec, placés au milieu de ces amas de matières alcalescentes, se sont imprégnés de l’alcali volatil qui s’en est dégagé ; ce qui nous explique pourquoi ce charbon rend par la distillation une quantité d’alcali qui excède du double et du triple celle qu’on obtient des charbons collants.

L’on doit ajouter aux causes de ces différences, entre les charbons collants et les charbons secs, l’influence de la terre végétale qui se trouve en très petite quantité dans le charbon sec, et entre au contraire pour beaucoup dans la formation du charbon collant ; et, comme cette terre limoneuse est mêlée en plus grande quantité de matières vitreuses que de substances calcaires, il pourrait se faire, ainsi que l’a observé M. Faujas, que les charbons collants ne se trouvassent jamais que dans les terrains granitiques et schisteux : et c’est par cette raison que cette terre limoneuse qui se boursoufle et augmente de volume, lorsqu’on l’expose à l’action du feu, donne aux charbons collants la même propriété de se gonfler, de s’agglutiner et de se coller les uns contre les autres lorsqu’on les expose à l’action du feu.

Plus on multipliera les observations sur les charbons de terre, et plus on reconnaîtra entre leurs couches, et surtout dans leurs lits supérieurs, des empreintes de diverses sortes de plantes : « J’ai vu, m’écrit M. de Morveau, dans toutes les mines de charbon de Rive-