Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils diminuèrent de grandeur peu à peu, et ne disparurent que par leur extrême petitesse[NdÉ 1].

Je vis la même chose, mais plus tard, dans l’eau de poivre bouillie, et encore la même chose, mais encore plus tard, dans celle qui n’avait pas bouilli. Je soupçonnai dès lors que ce qu’on appelle fermentation pouvait bien n’être que l’effet du mouvement de ces parties organiques des animaux et des végétaux, et pour voir quelle différence il y avait entre cette espèce de fermentation et celle des minéraux, je mis au microscope un tant soit peu de poudre de pierre sur laquelle on versa une petite goutte d’eau forte, ce qui produisit des phénomènes tout différents : c’étaient de grosses bulles qui montaient à la surface et qui obscurcissaient dans un instant la lentille du microscope, c’était une dissolution de parties grossières et massives qui tombaient à côté et qui demeuraient sans mouvement, et il n’y avait rien qu’on pût comparer en aucune façon avec ce que j’avais vu dans les infusions d’œillet et de poivre.

XLV

J’examinai la liqueur séminale qui remplit les laites de différents poissons, de la carpe, du brochet, du barbeau : je faisais tirer la laite tandis qu’ils étaient vivants, et ayant observé avec beaucoup d’attention ces différentes liqueurs, je n’y vis pas autre chose que ce que j’avais vu dans l’infusion d’œillet, c’est-à-dire une grande quantité de petits globules obscurs en mouvement ; je me fis apporter plusieurs autres de ces poissons vivants, et ayant comprimé seulement en pressant un peu avec les doigts la partie du ventre de ces poissons par laquelle ils répandent cette liqueur, j’en obtins, sans faire aucune blessure à l’animal, une assez grande quantité pour l’observer, et j’y vis de même une infinité de globules en mouvement qui étaient tous obscurs, presque noirs et fort petits.

XLVI

Avant que de finir ce chapitre, je vais rapporter les expériences de M. Needham sur la semence d’une espèce de seiches, appelées calmar. Cet habile observateur ayant cherché des animaux spermatiques dans les laites de plusieurs poissons différents, les a trouvés d’une grosseur très considérable dans la laite du calmar ; ils ont trois ou quatre lignes de longueur, vus à l’œil simple. Pendant tout l’été qu’il disséqua des calmars à Lisbonne, il ne trouva aucune

  1. Il est à peine besoin de dire que les organismes dont parle ici Buffon sont des Infusoires. L’étonnement qu’il manifeste suffit pour donner une idée de l’ignorance dans laquelle il se trouvait de tout ce qui concerne les animaux inférieurs.