Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/187

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trouvé rien de semblable à un œuf, comme le prouvent les expériences de Valisnieri.

Valisnieri, qui ne s’est point trompé sur les faits, en a tiré une fausse conséquence, savoir : que, quoiqu’il n’ait jamais, ni lui, ni aucun anatomiste en qui il eût confiance, pu trouver l’œuf dans la cavité du corps glanduleux, il fallait bien cependant qu’il y fût.

Voyons donc ce qui nous reste de réel dans les découvertes de ces observateurs, et sur quoi nous puissions compter. Graaf a reconnu le premier qu’il y avait des altérations aux testicules des femelles, et il a eu raison d’assurer que ces testicules étaient des parties essentielles et nécessaires à la génération. Malpighi a démontré ce que c’était que ces altérations aux testicules des femelles, et il a fait voir que c’étaient des corps glanduleux qui croissaient jusqu’à une entière maturité, après quoi ils s’affaissaient, s’oblitéraient, et ne laissaient qu’une très légère cicatrice. Valisnieri a mis cette découverte dans un très grand jour ; il a fait voir que ces corps glanduleux se trouvaient sur les testicules de toutes les femelles, qu’ils prenaient un accroissement considérable dans la saison de leurs amours, qu’ils s’augmentaient et croissaient aux dépens des vésicules lymphatiques du testicule, et qu’ils contenaient toujours dans le temps de leur maturité une cavité remplie de liqueur. Voilà à quoi se réduit, au vrai, tout ce qu’on a trouvé au sujet des prétendus ovaires et des œufs des vivipares. Qu’en doit-on conclure ? deux choses qui me paraissent évidentes, l’une qu’il n’existe point d’œuf dans les testicules des femelles, puisqu’on n’a pu y en trouver ; l’autre qu’il existe de la liqueur, et dans les vésicules du testicule et dans la cavité du corps glanduleux, puisqu’on y en a toujours trouvé ; et nous avons démontré, par les expériences précédentes, que cette dernière liqueur est la vraie semence de la femelle, puisqu’elle contient, comme celle du mâle, des animaux spermatiques, ou plutôt des parties organiques en mouvement.

Nous sommes donc assurés maintenant que les femelles ont, comme les mâles, une liqueur séminale. Nous ne pouvons guère douter, après tout ce que nous avons dit, que la liqueur séminale, en général, ne soit le superflu de la nourriture organique qui est renvoyé de toutes les parties du corps dans les testicules et les vésicules séminales des mâles, et dans les testicules et la cavité des corps glanduleux des femelles : cette liqueur, qui sort par le mamelon des corps glanduleux, arrose continuellement les cornes de la matrice de la femelle et peut aisément y pénétrer, soit par la succion du tissu même de ces cornes qui, quoique membraneux, ne laisse pas d’être spongieux, soit par la petite ouverture qui est à l’extrémité supérieure des cornes, et il n’y a aucune difficulté à concevoir comment cette liqueur peut entrer dans la matrice : au lieu que, dans la supposition que les vésicules de l’ovaire étaient des œufs qui se détachaient de l’ovaire, on n’a jamais pu comprendre comment ces prétendus œufs, qui étaient dix ou vingt fois plus gros