Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/238

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Quinze jours après la conception l’on commence à bien distinguer la tête et à reconnaître les traits les plus apparents du visage ; le nez n’est encore qu’un petit filet proéminent et perpendiculaire à une ligne qui indique la séparation des lèvres ; on voit deux petits points noirs à la place des yeux et deux petits trous à celle des oreilles : le corps du fœtus a aussi pris de l’accroissement ; on voit, aux deux côtés de la partie supérieure du tronc et au bas de la partie inférieure, de petites protubérances qui sont les premières ébauches des bras et des jambes ; la longueur du corps entier est alors à peu près de cinq lignes.

    formera autour du fœtus l’un des feuillets des membranes qui l’enveloppent et qui sont souvent réunies, notamment ici par Buffon, sous le nom de chorion. Le feuillet du chorion formé par la portion de la muqueuse utérine qui a bourgeonné autour de l’œuf a reçu le nom de caduque fœtale. Comme, au moment de l’accouchement, toute la muqueuse utérine se détache, on lui a donné le nom de caduque utérine, et l’on réserve celui de caduque sérotine à la portion de la muqueuse de l’utérus qui rattache la caduque fœtale à la caduque utérine. C’est au niveau de cette dernière que se fixe le placenta dont nous parlerons dans un instant. Revenons maintenant à l’œuf.

    Pendant que le vitellus subit les premières segmentations, la membrane vitelline émet à sa surface un grand nombre de villosités qui puisent sur la surface des muqueuses avec lesquelles l’œuf se trouve en contact les liquides nécessaires à la nutrition des cellules du blastoderme. On a donné parfois à la membrane vitelline ainsi modifiée le nom de premier chorion. Son rôle nutritif n’est que très passager. Après que la formation des trois couches du blastoderme est achevée et pendant que les cellules de ces diverses couches continuent à se diviser pour produire les tissus et les organes de l’embryon, celui-ci entre à l’état d’une plaque elliptique, se courbe, rapproche ses bords à la façon d’une bourse qui se ferme et offre bientôt l’aspect d’une poche elliptique dont les bords se continuent avec la portion de la blastula qui ne prend pas part à la formation de l’embryon ; cette portion est restée formée d’une seule couche de cellules, et sa cavité communique avec la cavité de l’embryon, les deux cavités étant pleines d’un liquide hyalin albumino-graisseux. La cavité de l’embryon deviendra plus tard l’intestin ; on donne à la cavité plus grande de la blastula avec laquelle elle communique le nom de vésicule ombilicale. Le point par lequel les deux cavités sont en relation continue à se rétrécir et bientôt la cavité de l’embryon ne communique plus avec la cavité de la vésicule ombilicale que par un canal étroit, auquel on a donné le nom de conduit omphalo-mésentérique. Le point par lequel ce canal est en rapport avec la cavité de l’embryon a reçu le nom d’ombilic intestinal, et le point au niveau duquel la paroi du corps de l’embryon se rétrécit est l’ombilic cutané ou ombilic proprement dit qui se voit encore chez l’adulte.

    Le liquide albumineux et graisseux qui remplit la vésicule ombilicale et qui est puisé par les villosités de la membrane vitelline dans la cavité de l’utérus sert à la nutrition de l’embryon pendant ses premiers développements. Lorsque la vésicule ombilicale ne communique plus avec la cavité intestinale de l’embryon que par le canal omphalo-mésentérique, le liquide de la vésicule est absorbé par des vaisseaux développés dans sa paroi (vaisseaux omphalo-mésentériques) qui le transportent vers l’embryon et qui constituent la première circulation fœtale.

    Mais la vésicule ombilicale et ses fonctions ne durent que peu de temps. Vers la fin de la quatrième semaine, elle commence à diminuer de volume pendant que se développe un nouvel appareil nutritif, et vers la cinquième semaine on n’en trouve plus que quelques traces. Chez les oiseaux, son rôle est beaucoup plus durable ; c’est elle qui renferme le jaune et celui-ci n’est pas encore totalement épuisé au moment de l’éclosion du poulet ; mais, chez les oiseaux, la vésicule ombilicale est graduellement enveloppée par la paroi de l’abdomen et, conséquemment, le jaune finit par être logé dans la cavité abdominale du jeune animal.