Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/258

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l’avortement ne suivra pas ; ce sang sera seulement en moindre quantité que dans les évacuations ordinaires.

Lorsqu’il n’en paraît point du tout, comme c’est le cas le plus ordinaire, la première révolution périodique ne laisse pas de se marquer et de se faire sentir par les mêmes douleurs, les mêmes symptômes ; il se fait donc, dès le temps de la première suppression, une violente action sur la matrice, et pour peu que cette action fût augmentée, elle détruirait l’ouvrage de la génération : on peut même croire avec assez de fondement que, de toutes les conceptions qui se font dans les derniers jours qui précèdent l’arrivée des menstrues, il en réussit fort peu, et que l’action du sang détruit aisément les faibles racines d’un germe si tendre et si délicat ; les conceptions au contraire qui se font dans les jours qui suivent l’écoulement périodique sont celles qui tiennent et qui réussissent le mieux, parce que le produit de la conception a plus de temps pour croître, pour se fortifier et pour résister à l’action du sang et à la révolution qui doit arriver au terme de l’écoulement.

Le fœtus ayant subi cette première épreuve, et y ayant résisté, prend plus de force et d’accroissement, et est plus en état de souffrir la seconde révolution qui arrive un mois après la première ; aussi les avortements causés par la seconde période sont-ils moins fréquents que ceux qui sont causés par la première ; à la troisième période le danger est encore moins grand, et moins encore à la quatrième et à la cinquième, mais il y en a toujours ; il peut arriver, et il arrive en effet de fausses couches dans les temps de toutes ces révolutions périodiques ; seulement on a observé qu’elles sont plus rares dans le milieu de la grossesse, et plus fréquentes au commencement et à la fin : on entend bien, par ce que nous venons de dire, pourquoi elles sont plus fréquentes au commencement ; il nous reste à expliquer pourquoi elles sont aussi plus fréquentes vers la fin que vers le milieu de la grossesse.

Le fœtus vient ordinairement au monde dans le temps de la dixième révolution ; lorsqu’il naît à la neuvième ou à la huitième, il ne laisse pas de vivre, et ces accouchements précoces ne sont pas regardés comme de fausses couches, parce que l’enfant, quoique moins formé, ne laisse pas de l’être assez pour pouvoir vivre ; on a même prétendu avoir des exemples d’enfants nés à la septième, et même à la sixième révolution, c’est-à-dire, à cinq ou six mois, qui n’ont pas laissé de vivre ; il n’y a donc de différence entre l’accouchement et la fausse couche, que relativement à la vie du nouveau-né ; et en considérant la chose généralement, le nombre des fausses couches du premier, du second et du troisième mois, est très considérable par les raisons que nous avons dites, et le nombre des accouchements précoces du septième et du huitième mois est aussi assez grand, en comparaison de celui des fausses couches des quatrième, cinquième et sixième