Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/261

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particulière, par laquelle il doit toujours faciliter son exclusion, et même se la procurer en entier dans de certains cas[NdÉ 1].

Les fœtus des animaux, comme des vaches, des brebis, etc., n’ont qu’un terme pour naître ; le temps de leur séjour dans le ventre de la mère est toujours le même, et l’accouchement est sans hémorrhagie ; n’en doit-on pas conclure que le sang que les femmes rendent après l’accouchement est le sang des menstrues, et que si le fœtus humain naît à des termes si différents, ce ne peut être que par l’action de ce sang qui se fait sentir sur la matrice à toutes les révolutions périodiques ? Il est naturel d’imaginer que si les femelles des animaux vivipares avaient des menstrues comme les femmes, leurs accouchements seraient suivis d’effusion de sang, et qu’ils arriveraient à différents termes. Les fœtus des animaux viennent au monde revêtus de leurs enveloppes, et il arrive rarement que les eaux s’écoulent et que les membranes qui les contiennent se déchirent dans l’accouchement, au lieu qu’il est très rare de voir sortir ainsi le sac tout entier dans les accouchements des femmes : cela semble prouver que le fœtus humain fait plus d’efforts que les autres pour sortir de sa prison, ou bien que la matrice de la femme ne se prête pas aussi naturellement au passage du fœtus que celle des animaux, car c’est le fœtus qui déchire sa membrane par les efforts qu’il fait pour sortir de la matrice, et ce déchirement n’arrive qu’à cause de la grande résistance que fait l’orifice de ce viscère avant que de se dilater assez pour laisser passer l’enfant.


  1. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, le fœtus est passif dans l’accouchement. Il peut seulement déterminer les contractions de l’utérus par la pression qu’il exerce sur les parois de cet organe. On sait, en effet, que toute pression de l’utérus détermine des contractions plus ou moins énergiques. Quant au cas dont parle Buffon, de fœtus expulsés après la mort de la mère, ils ne prouvent pas que le fœtus se fraye lui-même un passage, mais simplement que l’utérus peut encore se contracter pendant quelque temps après la mort de la mère. Il faut, en effet, distinguer avec soin la mort de l’individu de la mort de chacun de ses organes. (Voyez à ce sujet : de Lanessan, le Transformisme, p. 184.)