Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome IV, Partie 2.djvu/268

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tr’ouvre par son extrémité supérieure, et la liqueur séminale contenue dans sa cavité intérieure s’écoule par cette ouverture, tombe goutte à goutte dans les cornes de la matrice et se répand dans toute la capacité de ce viscère, où elle doit rencontrer la liqueur du mâle et former l’embryon par leur mélange intime ou plutôt par leur pénétration.

La mécanique par laquelle se filtre la liqueur séminale du mâle dans les testicules, pour arriver et se conserver ensuite dans les vésicules séminales, a été si bien saisie et décrite dans un si grand détail par les anatomistes que je ne dois pas m’en occuper ici ; mais ces corps glanduleux, ces espèces de fruits que porte la femelle, et auxquels nous devons en partie notre propre génération, n’avaient été que très légèrement observés, et personne, avant moi, n’en avait soupçonné l’usage ni connu les véritables fonctions, qui sont de filtrer la liqueur séminale et de la contenir dans leur cavité intérieure comme les vésicules séminales contiennent celle du mâle.

Les ovaires ou testicules des femelles sont donc dans un travail continuel depuis la puberté jusqu’à l’âge de stérilité. Dans les espèces où la femelle n’entre en chaleur qu’une seule fois par an, il ne croît ordinairement qu’un ou deux corps glanduleux sur chaque testicule, et quelquefois sur un seul ; ils se trouvent en pleine maturité dans le temps de la chaleur dont ils paraissent être la cause occasionnelle ; c’est aussi pendant ce temps qu’ils laissent échapper la liqueur contenue dans leur cavité, et dès que ce réservoir est épuisé, et que le testicule ne lui fournit plus de liqueur, la chaleur cesse et la femelle ne se soucie plus de recevoir le mâle ; les corps glanduleux qui ont fait alors toutes leurs fonctions commencent à se flétrir, ils s’affaissent, se dessèchent peu à peu, et finissent par s’oblitérer en ne laissant qu’une petite cicatrice sur la peau du testicule. L’année suivante, avant le temps de la chaleur, on voit germer de nouveaux corps glanduleux sur les testicules, mais jamais dans le même endroit où étaient les précédents ; ainsi les testicules de ces femelles, qui n’entrent en chaleur qu’une fois par an, n’ont de travail que pendant deux ou trois mois, au lieu que ceux de la femme, qui peut concevoir en toute saison, et dont la chaleur, sans être bien marquée, ne laisse pas d’être durable et même continuelle, sont aussi dans un travail continuel ; les corps glanduleux y germent en tout temps ; il y en a toujours quelques-uns d’entièrement mûrs, d’autres approchant de la maturité, et d’autres, en plus grand nombre, qui sont oblitérés et qui ne laissent que leur cicatrice à la surface du testicule.

On voit, par l’observation de M. Ambroise Bertrandi, citée ci-dessus, que quand ces corps glanduleux prennent une végétation trop forte, ils causent dans toutes les parties sexuelles une ardeur si violente qu’on l’a appelée fureur utérine ; si quelque chose peut la calmer c’est l’évacuation de la surabondance de cette liqueur séminale filtrée en trop grande quantité par ces corps glanduleux trop puissants ; la continence produit, dans ce cas, les