femelle, et qu’on se sera cru en droit d’en conclure que c’était autant de mâles[NdÉ 1].
Wafer dit avoir aperçu dans une terre déserte, au nord de la Plata, vers le trente-quatrième degré de latitude méridionale, une quantité d’œufs de touyou dans le sable, où, selon lui, ces oiseaux les laissent couver[1] ; si ce fait est vrai, les détails que donne Nieremberg sur l’incubation de ces mêmes œufs ne peuvent l’être que dans un climat moins chaud et plus voisin du pôle ; en effet, les Hollandais trouvèrent aux environs du port Désiré, qui est au quarante-septième degré de latitude, un touyou qui couvait et qu’ils firent envoler, ils comptèrent dix-neuf œufs dans le nid[2] ; c’est ainsi que les autruches ne couvent point ou presque point leurs œufs sous la zone torride, et qu’elles les couvent au cap de Bonne-Espérance, où la chaleur du climat ne serait pas suffisante pour les faire éclore.
Lorsque les jeunes touyous viennent de naître ils sont familiers et suivent la première personne qu’ils rencontrent[3] ; mais, en vieillissant, ils acquièrent de l’expérience et deviennent sauvages[4]. Il paraît qu’en général leur chair est assez bonne à manger[5], non cependant celle des vieux qui est dure et de mauvais goût[6] ; on pourrait perfectionner cette viande en élevant des troupeaux de jeunes touyous, ce qui serait facile, vu les grandes dispositions qu’ils ont à s’apprivoiser, les engraissant et employant tous les moyens qui nous ont réussi à l’égard des dindons, qui viennent également des climats chauds et tempérés du continent de l’Amérique.
- ↑ Tome IV de la Suite des Voyages de Dampier, p. 308.
- ↑ Voyages des Hollandais aux Indes orientales, t. II, p. 17.
- ↑ « J’ai été suivi moi-même, dit Wafer, par plusieurs de ces jeunes autruches (il appelle ainsi les touyous), qui sont fort simples et innocentes. » Voyages de Dampier, t. IV, p. 308.
- ↑ « Il y a un très grand nombre d’autruches dans cette île du port Désiré, lesquelles sont fort farouches. » Voyages des Hollandais aux Indes orientales, t. II, p. 17. — « Je vis au port Désiré trois autruches sans pouvoir les approcher assez pour les tirer ; dès qu’elles m’aperçurent, elles s’enfuirent. » Navig. aux terres australes, p. 20 et 27.
- ↑ Marcgrave, Hist. nat. Bras., p. 190.
- ↑ Wafer, ubi suprà.
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