Les mites et la gale dont ces petits oiseaux sont souvent infectés, ne leur viennent ordinairement que de la malpropreté dans laquelle on les tient ; il faut avoir soin de bien les nettoyer, de leur donner de l’eau pour se baigner, de ne jamais les mettre dans des cages ou des cabanes de vieux ou de mauvais bois, de ne les couvrir qu’avec des étoffes neuves et propres où les teignes n’aient point travaillé ; il faut bien vanner, bien laver les graines et les herbes qu’on leur fournit. On leur doit ces petits soins, si l’on veut qu’ils soient propres et sains ; ils le seraient s’ils avaient leur liberté, mais, captifs et souvent mal soignés, ils sont comme tous les prisonniers sujets aux maux de la misère. De tous ceux que nous venons d’exposer, aucun ne paraît donc leur être naturel, à l’exception de la mue. Il y a même plusieurs de ces oiseaux qui, dans ce malheureux état de captivité, ne sont jamais malades, et dans lesquels l’habitude semble avoir formé une seconde nature. En général, leur tempérament ne pèche que par trop de chaleur ; ils ont toujours besoin d’eau : dans leur état de liberté, on les trouve près des ruisseaux ou dans des ravines humides ; le bain leur est très nécessaire, même en toute saison ; car si l’on met dans leur cabane ou dans leur volière un plat chargé de neige, ils se coucheront dedans et s’y tourneront plusieurs fois avec une expression de plaisir, et cela dans le temps même des plus grands froids ; ce fait prouve assez qu’il est plus nuisible qu’utile de les tenir dans des endroits bien chauds[1].
Mais il y a encore une maladie à laquelle les serins, comme plusieurs autres oiseaux[2], paraissent être sujets, surtout dans l’état de captivité : c’est l’épilepsie. Les serins jaunes, en particulier, tombent plus souvent que les autres de ce mal caduc, qui les saisit tout à coup et dans le temps même qu’ils chantent le plus fort : on prétend qu’il ne faut pas les toucher ni les prendre dans le moment qu’ils viennent de tomber, qu’on doit regarder seulement s’ils ont jeté une goutte de sang par le bec, que dans ce cas on peut les prendre, qu’ils reviennent d’eux-mêmes, et reprennent en peu de temps leurs sens et la vie ; qu’il faut donc attendre de la nature cet effort salutaire qui leur fait jeter une goutte de sang ; qu’enfin si on les prenait auparavant, le mouvement qu’on leur communiquerait leur ferait jeter trop tôt cette goutte de sang et leur causerait la mort[3] ; il serait bon de constater cette observation dont quelques faits me paraissent douteux ; ce qu’il y a de certain, c’est que quand ils ne périssent pas du premier accident, c’est-à-dire dans le premier accès de cette espèce d’épilepsie, ils ne laissent pas
- ↑ Ces oiseaux n’ont pas besoin d’être dans un endroit chaud, comme plusieurs le prétendent : dans les grands et les plus grands froids, ils se baignent et se vautrent dans la neige lorsqu’on leur en donne dans un plat ; pour moi, je les laisse dans une chambre l’hiver avec un seul grillage de fer sans fermer les fenêtres, ils y chantent à merveille et il ne m’en périt point. (Note communiquée par le R. P. Bougot.)
- ↑ Les geais, les chardonnerets, tous les perroquets, même les plus gros aras, etc.
- ↑ Note communiquée par le R. P. Bougot.