Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/296

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transversales de roussâtre plus ou moins foncé, mais jamais autant que dans la femelle, dont cette couleur est pour ainsi dire la couleur dominante et sur laquelle elle forme des raies longitudinales. Quelques individus ont du cendré sur le cou, du cendré varié de brun sur le dos, une teinte de pourpre autour des yeux, de rougeâtre sur la tête, etc.[1] ; la couleur du bec est aussi variable, tantôt jaune, tantôt cendrée à la base, et assez constamment noire à la pointe. Dans tous, les narines sont rondes, un peu relevées et couvertes de petites plumes, la langue un peu fourchue, les yeux petits et noirs, les pieds noirs ou noirâtres.

Ces oiseaux quittent leurs montagnes lorsque la gelée et les neiges suppriment leur nourriture ; elle est la même que celle de la gelinotte blanche et consiste dans la graine d’une espèce de bouleau[2] et quelques autres graines semblables ; lorsqu’on les tient en cage, ils s’accommodent très bien de l’avoine qu’ils épluchent fort adroitement, des pois verts, du chènevis, du millet, de la graine de cuscute, etc. ; mais le chènevis les engraisse trop vite et les fait mourir de gras-fondure.

Ils repassent au printemps pour regagner leurs sommets glacés : quoiqu’ils ne tiennent pas toujours la même route, on les voit ordinairement en Suède, en Saxe, dans la Basse-Silésie, en Pologne, dans la Russie-Rouge, la Podolie ; en Angleterre, dans la province d’York[3]. Ils sont très rares dans le midi de l’Allemagne et presque tout à fait inconnus en Suisse et en Italie[4].

Au temps du passage, ils se tiennent le long des grands chemins, ramassant les petites graines et tout ce qui peut leur servir de nourriture : c’est alors qu’on leur tend des pièges. Si on les recherche, ce n’est que pour la singularité de leur plumage et la délicatesse de leur chair, mais non à cause de leur voix, car jamais on ne les a entendus chanter dans la volière ; tout leur ramage connu se réduit à un gazouillement qui ne signifie rien ou à un cri aigre approchant de celui du geai, qu’ils font entendre lorsqu’on veut les toucher ; au reste, pour les juger définitivement sur ce point, il faudrait les avoir entendus au temps de l’amour, dans ce temps où la voix des oiseaux prend un nouvel éclat et de nouvelles inflexions, et l’on ignore les détails de leur ponte et même les endroits où ils la font ; c’est sans doute dans les contrées où ils passent l’été, mais il n’y a pas beaucoup d’observateurs dans les Alpes laponnes.

Ces oiseaux n’aiment point à se percher ; ils se tiennent à terre, où ils courent et piétinent comme nos alouettes, dont ils ont les allures, la taille,

  1. Schwenckfeld, Av. Siles., à l’endroit cité.
  2. « Betula foliis orbiculatis, crenatis. » Flora Lappon., 342.
  3. Willughby en a tué un dans la province de Lincoln. Ray, 89. On en prend en assez grand nombre dans la province d’York pendant l’hiver. Ray, 89. Lister, Trans. philos., no 175. — On en voit quelques-uns dans les montagnes qui sont au nord de cette province. Johnson. Willughby, 188.
  4. Gessner et Aldrovande, aux endroits cités.