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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/434

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410 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

blance, au défaut de huppe près, étant entière entre cet oiseau de la Chine et le drongo.

On trouve aussi une espèce de drongo à la côte de Malabar, d’où il nous a été envoyé par M. Sonnerat ; il est un peu plus grand que celui de Mada- gascar ou de la Chine ; il a comme eux le plumage entièrement noir, mais il a le bec plus fort et plus épais ; il manque de huppe, et le caractère qui le distingue le plus consiste en deux longs brins qui partent de la pointe des deux pennes extérieures de la queue ; ces brins sont presque nus : sur six pouces de longueur, et vers leurs extrémités, ils sont garnis de barbes comme à leur origine. Nous ne savons rien des habitudes naturelles de cet oiseau du Malabar ; mais la notice sous laquelle il nous est décrit nous indique qu’il les a communes avec le drongo de Madagascar, puisqu’il lui ressemble par tous les caractères extérieurs.

IV. — le piauhau (a).

Plus grand que tous les tyrans, le piauhau (*) ne peut pas être un gobe- mouche : le caractère du bec est le seul qui paraisse le faire tenir à ce genre ; mais il est si éloigné de toutes les espèces de gobe-mouches, moucherolles et tyrans, qu’il faut lui laisser ici une place isolée, comme celle qu’il paraît occuper dans la nature.

Le piauhau a onze pouces de longueur, et il est plus grand que la grande grive nommée drenne. Tout son plumage est d’un noir profond, hors une belle tache d’un pourpre foncé qui couvre la gorge du mâle, et que n’a pas la femelle ; l’aile pliée s’étend jusqu’au bout de la queue ; le bec, long de seize lignes, large de huit à la base, très aplati, forme un triangle presque isocèle, avec un petit crochet à la pointe.

Les piauhaux marchent en bandes, et précèdent ordinairement les tou- cans, toujours en criant aigrement piauhau ; on dit qu’ils se nourrissent de fruits comme les toucans ; mais apparemment ils mangent aussi des insectes volants à la capture desquels la nature paraît avoir destiné le bec de ces oiseaux. Ils sont très vifs et presque toujours en mouvement ; ils n’habitent que les bois, comme les toucans, et on ne manque guère de les voir dans les lieux où on rencontre le piauhau.

M. Brisson demande si le jacapu de Marcgrave n’est point le même que son grand gobe-mouche noir de Cayenne, ou que notre piauhau (b). On peut lui répondre que non ; le jacapu de Marcgrave est, à la vérité, un oiseau

(a) « Muscicapa nigra ; gutture et collo inferiore splendidè purpureis ; remigibus rectrici- busque nigris, » le grand gobe-mouche noir de Cayenne. Brisson, Ornithol., t. II, p. 386.

(b) « An jacapu Brasiliensibus ? » Marcgrave, Hist. nat. Brasil., p. 192. — Jonston, Avi., p. 131. — Brisson, Ornithol., t. II, p. 386.

(*) Muscicapa rubricollis Gmel. D’après Cuvier, c’est un Cotinga.