LA FAUVETTE. 471
de la fauvette prodigue à sa femelle mille petits soins pendant qu’elle couve ; il partage sa sollicitude pour les petits qui viennent d’éclore, et ne la quitte pas même après l’éducation de la famille ; son amour semble durer encore après ses désirs satisfaits.
Le nid est composé d’herbes sèches, de brins de chanvre et d’un peu de crin en dedans ; il contient ordinairement cinq œufs que la mère abandonne lorsqu’on les a touchés, tant cette approche d’un ennemi lui paraît d’un mauvais augure pour sa future famille. Il n’est pas possible non plus de lui faire adopter des œufs d’un autre oiseau : elle les reconnaît, sait s’en défaire et les rejeter. «J’ai fait couver à plusieurs petits oiseaux des œufs étrangers, dit M. le vicomte de Querhoënt, des œufs de mésanges aux roitelets, des œufs de linotte à un rouge-gorge ; je n’ai jamais pu réussir à les faire couver par des fauvettes, elles ont toujours rompu les œufs, et lorsque j’y ai substitué d’autres petits elles les ont tués aussitôt. » Par quel charme donc, s’il en faut croire la multitude des oiseleurs et même des observateurs, se peut-il faire que la fauvette couve l’œuf que le coucou dépose dans son nid après avoir dévoré les siens, qu’elle se charge avec affection de cet ennemi qui vient de lui naître, et qu’elle traite comme sien ce hideux petit étranger ? Au reste, c’est dans le nid de la fauvette babillarde que le coucou, dit-on, dépose le plus souvent son œuf ; et dans cette espèce, le naturel pourrait être différent. Celle-ci est d’un caractère craintif ; elle fuit devant des oiseaux tout aussi faibles qu’elle, et fuit encore plus vite et avec plus de raison devant la pie-grièche, sa redoutable ennemie ; mais l’instant du péril passé tout est oublié, et, le moment d’après, notre fauvette reprend sa gaieté, ses mouvements et son chant. C’est des rameaux les plus touffus qu’elle le fait entendre ; elle s’y tient ordinairement couverte, ne se montre que par instants au bord des buissons, et rentre vite à l’intérieur, surtout pendant la chaleur du jour. Le matin on la voit recueillir la rosée, et après ces courtes pluies qui tombent dans les jours d’été, courir sur les feuilles mouillées et se baigner dans les gouttes qu’elle secoue du feuillage.
Au reste, presque toutes les fauvettes parlent en même temps, au milieu de l’automne, et à peine en voit-on encore quelques-unes en octobre : leur départ se fait avant que les premiers froids viennent détruire les insectes et flétrir les petits fruits dont elles vivent ; car non seulement on les voit chasser aux mouches, aux moucherons, et chercher les vermisseaux, mais encore manger des baies de lierre, de mézéréon et de ronces ; elles engraissent même beaucoup dans la saison de la maturité des graines du sureau, de l’yèble et du troëne.
Dans cet oiseau le bec est très légèrement échancré vers la pointe ; la langue est effrangée par le bout et paraît fourchue ; le dedans du bec, noir vers le bout, est jaune dans le fond ; le gésier est musculeux et précédé d’une dilatation de l’œsophage ; les intestins sont longs de sept pouces et