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LE ROSSIGNOL DE MURAILLE. 501

de notre rossignol de muraille : la plus grande différence consiste en ce qu’il n’y a point de roux sur la poitrine, et que les bords extérieurs des pennes moyennes de l’aile sont blancs (*).

Encore une variété, à peu près semblable, est l’oiseau que nous a donné M. d’Orcy, dans lequel la couleur noire de la gorge s’étend sur la poitrine et les côtés, au lieu que dans le rossignol de muraille commun ces mêmes parties sont rousses ; nous ne savons pas d’où cet oiseau a été envoyé à M. d’Orcy, il avait une tache blanche dans l’aile, dont les pennes sont noi- râtres ; tout le cendré du dessus du corps est plus foncé que dans le rossignol de muraille, et le blanc du front est beaucoup moins apparent.

De plus, il existe en Amérique une espèce de rossignol de muraille que décrit Catesby (a), et que nous laisserons indécise, sans la joindre expressé- ment à celle d’Europe, moins à cause des différences de caractères que de celle de climat. En effet, Catesby prête au rossignol de muraille de Virginie les mêmes habitudes que nous voyons au nôtre ; il fréquente, dit-il, les bois les plus couverts, et on ne le voit qu’en été ; la tête, le cou, le dos et les ailes sont noirs, excepté une petite tache de roux vif dans l’aile ; le roux de la poitrine est séparé en deux par le prolongement du gris de l’estomac ; la pointe de la queue est noire : ces différences sont-elles spécifiques et plus fortes que celles que doit subir un oiseau sous les influences d’un autre hémisphère ?

Au reste le charbonnier du Bugey, suivant la notice que nous en donne M. Hébert (b), est le rossignol de muraille. Nous en dirons autant du cul-rousset ou cul-rousset farnou de Provence que nous a fait connaître M. Guys (c). Nous pensons de plus que l’oiseau nommé dans le même pays fourmeirou et fourneirou de cheminée, n’est également qu’un rossignol de muraille, du moins l’analogie de mœurs et d’habitudes, autant que la ressemblance des caractères nous le font présumer (d).

(a) The redstast, le rossignol de muraille d’Amérique. Catesby, Caroline, t. 1er, p. 67.

(b) « Il me semble qu’on peut donner le nom de queue-rouge (rossignol de muraille) à un oiseau de la grosseur d’une fauvette, qui est très commun en Bugey, et qu’on y appelle char- bonnier ; on le voit également dans la ville et sur les rochers ; il niche dans des trous. Chaque année il s’en trouvait un nid au haut d’un pignon de la maison que j’occupais, dans un trou très élevé ; pendant que la femelle couvait, le mâle se tenait fort près d’elle sur quelque pointe de pignon ou sur quelque arbre très élevé, et répétait sans cesse un ramage assez plaintif qui n’a que deux variations, lesquelles se succèdent toujours dans le même ordre à intervalle égal. Ces oiseaux ont dans la queue une espèce de tremblement convulsif ; j’en ai vu quelquefois à Paris aux Tuileries, jamais en Brie, et je n’ai entendu leur ramage qu’en Bugey. » Note communiquée par M. Hébert, receveur général des fermes à Dijon.

(c) Ce cul-rousset de Provence (rossignol de muraille) est fort différent du cul-rousset donné ci-devant, p. 340, de cette Histoire des Oiseaux, qui est un bruant du Canada.

(d) Voyez à l’article du traquet.

(*) C’est le Motacilla gibraltariensis Gmel.