LA BERGERONNETTE DE PRINTEMPS. 547
néanmoins a-t-elle disparu de l’hiver, si ce n’est durant les plus grands froids, se tenant ordinairement, comme la bergeronnette jaune (*), au bord des ruisseaux et près des sources qui ne gèlent pas. Au reste, ces dénomina- tions paraissent assez mal appliquées, car la bergeronnette jaune a moins de jaune que la bergeronnette de printemps (a) ; elle n’a cette couleur bien déci- dée qu’au croupion et au ventre, tandis que la bergeronnette de printemps a tout le dessous et le devant du corps d’un beau jaune, et un trait de cette même couleur tracé dans l’aile sur la frange des couvertures moyennes ; tout le manteau est olivâtre obscur ; cette même couleur borde les huit pennes de la queue, sur un fond noirâtre ; les deux extérieures sont plus d’à moitié blanches ; celles de l’aile sont brunes, avec leur bord extérieur blanchâtre, et la troisième des plus voisines du corps s’étend, quand l’aile est pliée, aussi loin que la plus longue des grandes pennes : caractère que nous avons déjà remarqué dans la lavandière ; la tête est cendrée, teinte au sommet d’olivâtre ; au-dessus de l’œil passe une ligne blanche dans la femelle, jaune dans le mâle, qui se distingue de plus par des mouchetures noirâtres plus ou moins fréquentes, semées en croissant sur la gorge, et marquées encore au-dessus des genoux (**). On voit le mâle, lorsqu’il est en
selon Frisch ; en anglais, yellow water-wagtail. Willughby, Ray, Edwards ; en suédois, saedesaerla. Linnæus. — Motacilla flava. Willughby, Ornithol., p. 127. — Ray, Synops., p. 75, n° a, 2. — Linnæus, Syst. nat., édit. VI, g. 82, sp 2. — « Motacilla pectore abdomi- neque flavo ; rectricibus duabus exterioribus dimidiato obliqué albis. » Idem, Fauna Sue- cica, n° 215 ; et Syst. nal., édit. X, g. 99, sp. 13. — Motacilla flava altera. Aldrovande, Avi., t. II, p. 729. — Jonston, Avi., p. 87. — Motacilla lutea. Frisch, avec une bonne figure, pl. 23. — Sylvia lutea capite nigro. Klein, Avi., p. 78, n° 8. — Muscipeta secundo. Schwenck- feld, Avi. Siles., p. 307. — « Ficedula supernè obscurè viridi-olivacea, infernè flava ; capite cinereo (maculis infra gênas et in collo inferiore lunulatis nigris, Mas) ; tæniâ supra oculos flavâ (Mas) albidâ (Fœmina) ; rectricibus duabus utrimque extimis plusquam dimi- diatim obliquè albis, » Motacilla verna. Brisson, t. III, p. 468. — Bergeronnette jaune.
Edwards, Glan., p. 102, avec une belle figure du mâle, pl. 158.
(a) Adrovande l’observe déjà : motacilla flava alia... intensiùs quàm prœcedens (la ber- geronnette jaune) flava, etc., Avi., t. II, p. 729 : aussi Edwards donne-t-il cette bergeron- nette de printemps sous le nom de bergeronnette jaune. Glanures, p. 102, pl. 253.
(*) La Bergeronnette jaune forme le type d’un autre genre connu sous le nom de Colo- bates.
(**) Il existe en Europe quatre espèces de Bergeronnettes : le Budytes flavus, le B. citriola, le B. melanocephalus et le B. Rayi qui est spécial à la Grande-Bretagne. D’après Blasius ces trois espèces ne seraient en réalité que des variétés. « Que l’on veuille bien, dit-il, considérer ce fait que la tête du mâle présente toutes les colorations intermédiaires possibles, depuis le jaune citron jusqu’au noir, en passant par le jaune-vert et le vert-gris, et l’on sera déjà porté à admettre, en ne tenant pas compte des caractères géographiques, que les différences qui séparent les espèces doivent être fort problématiques. Elles le paraîtront encore plus quand on saura que, dans telle localité, l’on rencontre telle forme déterminée, offrant des variations de couleur qui se rapprochent énormément d’une autre forme, et que l’on retrouve les mêmes couleurs dans une autre contrée fort éloignée de la première, sans les rencontrer nulle part dans les lieux intermédiaires. Il devient donc impossible de distinguer les mâles les uns des autres, soit par leurs caractères physiques, soit par leur distribution géographique. Quant aux jeunes et aux femelles, on ne peut songer à les distinguer les uns des autres.