Aller au contenu

Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/582

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

550 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

et plein (a), la gorge est blanche : une petite bande longitudinale blanchâtre prend à l’origine du bec et passe sur l’œil ; le fond des plumes des ailes est gris brun, légèrement frangé sur quelques-unes de gris blanc ; il y a du blanc à l’origine des pennes moyennes, ce qui forme sur l’aile une bande transversale quand elle est étendue ; de plus, le bord extérieur des trois plus proches du corps est jaune pâle, et de ces trois la première est presque aussi longue que la plus grande penne ; la plus extérieure de celles de la queue est toute blanche, hormis une échancrure noire en dedans ; la suivante l’est du côté intérieur seulement, la troisième de même ; les six autres sont noi- râtres. Les individus qui portent sous la gorge une tache noire surmontée d’une bande blanche sous la joue sont les mâles (b) ; suivant Belon, ils ont aussi leur jaune beaucoup plus vif, et la ligne des sourcils également jaune ; et l’on observe que la couleur de tous ces oiseaux parait plus forte en hiver après la mue. Au reste, dans la figure de la planche enluminée, la couleur jaune est trop faible, et la teinte verte est trop forte.

Edwards décrit notre bergeronnette jaune sous le nom de bergeronnette grise (c), et Gessner lui attribue les noms de batte-queue, batte-lessive, qui équivalent à celui de lavandières (d) : effectivement, ces bergeronnettes ne se trouvent pas moins souvent que la lavandière sur les eaux et les petites rivières pierreuses (e) ; elles s’y tiennent même plus constamment, puisqu’on les y voit encore pendant l’hiver ; cependant il en déserte beaucoup plus qu’il n’en reste au pays, car elles sont en bien plus grand nombre au milieu des troupeaux, en automne qu’en hiver, sur les sources et les ruisseaux (f). MM. Linnæus et Frisch ne font pas mention de cette bergeronnette jaune » soit qu’ils la confondent avec celle que nous avons nommée de printemps, soit qu’il n’y ait réellement qu’une de ces deux espèces qui se trouve dans le nord de l’Europe.

La bergeronnette de Java de M. Brisson (g) ressemble si fort à notre ber-

(a) Edwards, Ibidem. — « Il y a distinction en la bergerette, du mâle et de la femelle ; c’est que le mâle est si fort jaune par-dessous le ventre, qu’on ne voit aucun oiseau qui le soit plus. » Belon, Nat. des oiseaux, p. 351.

(b) Willughby n’a décrit que la femelle, qu’il appelle bergeronnette grise (Motacilla cinerea, Ornithol., p. 172), et Albin, qui donne deux figures de cet oiseau, donne deux fois la femelle, n’y ayant de noir sur la gorge de l’une ni de l’autre.

(c) The grey water-wagtail. Glan., ubi supra. Dénomination peu exacte, et qui vient ori- ginairement de Willughby, qui reconnaît lui-même n’avoir décrit que la femelle (loco citato).

(d) Gessner, Avi., p. 594.

(e) « Fluvios lapidosos fréquentât. » Willughby.

(f) « L’on en voit prendre au mois d’aoust si grande quantité, qu’on les apporte à la ville à centaines, et toutesfois en autres saisons sont si rares, qu’on n’en peut recouvrer. « Belon, Nat. des oiseaux, p. 351. — M. Adanson a trouvé la bergeronnette jaune au Sénégal. « On trouve sur cette île (de Gorée) de petites poules d’eau, des bécasses de plusieurs espèces, des alouettes, des grives, des perdrix de mer et des lavandières jaunes, ou pour mieux dire les ortolans du pays ; ce sont de petits pelotons de graisse d’un goût excellent. » Voyage au Sénégal, p. 169.

(g) « Ficedula supernè ex cinereo fusco ad olivaceum inclinans infernè flava ; collo infe-