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618 ŒUVRES COMPLÈTES DE BUFFON.

elle pond un grand nombre d’œufs, jusqu’à dix-sept, et même jusqu’à vingt et un ; et de plus elle a toutes les autres propriétés des mésanges, comme de nicher sur les arbres, de se nourrir d’insectes, d’avoir la langue tronquée, etc., ce que le même auteur ajoute d’après un ouï-dire assez vague, et ce que Pline répète avec trop de confiance, savoir que les œufs de cet oiseau sont tou- jours en nombre impair, tient un peu du roman et de cette superstition phi- losophique qui, de tout temps, supposa une certaine vertu dans les nombres, surtout dans les nombres impairs, et qui leur attribua je ne sais quelle in- fluence sur les phénomènes de la nature.

La petite charbonnière (*) diffère de la grande, non seulement par la taille et par son poids, qui est trois ou quatre fois moindre, mais encore par les couleurs du plumage, comme on pourra s’en assurer en comparant les des- criptions. M. Frisch dit qu’en Allemagne elle se tient dans les forêts de sapins ; mais en Suède c’est sur les aunes qu’elle se plaît, suivant M. Lin- næus. Elle est la moins défiante de toutes les mésanges, car non seulement les jeunes accourent à la voix d’une autre mésange, non seulement elles se laissent tromper par l’appeau, mais les vieilles même qui ont été prises plusieurs fois et qui ont eu le bonheur d’échapper se reprennent encore et tout aussi facilement dans les mêmes pièges et par les mêmes ruses ; cepen- dant ces oiseaux montrent autant ou plus d’intelligence que les autres dans plusieurs actions qui ont rapport à leur propre conservation ou à celle de la couvée ; et comme d’ailleurs ils sont fort courageux, il semble que c’est le courage qui détruit en eux le sentiment de la défiance comme celui de la crainte : ils se souviennent de s’être pris dans le filet, au gluau, ils se sou- viennent aussi qu’ils se sont échappés, et ils se sentent la force ou du moins l’espérance d’échapper encore.

Cette mésange habite les bois, surtout ceux où il y a des sapins et autres arbres toujours verts, les vergers, les jardins ; elle grimpe et court sur les arbres comme les autres mésanges, et c’est, après celle à la longue queue, la plus petite de toutes ; elle ne pèse que deux gros ; du reste, mêmes allures, même genre de vie ; elle a une espèce de coqueluchon noir, terminé de blanc sur le derrière de la tête et marqué sous les yeux de la même cou- leur ; le dessus du corps cendré, le dessous blanc sale ; deux taches blanches transversales sur les ailes ; les pennes de la queue et des ailes cendré brun, bordées de gris ; le bec noir et les pieds de couleur plombée.

Longueur totale, quatre pouces un quart ; bec, quatre lignes deux tiers ; tarse, sept lignes ; ongle postérieur, le plus fort de tous, les latéraux plus longs à proportion que dans la grosse charbonnière ; vol, six pouces trois quarts ; queue, vingt lignes, un peu fourchue, composée de douze pennes, dépasse les ailes de dix lignes.

(*) Parus ater L.