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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/661

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LA MOUSTACHE. 627

d’Albermale en avait rapporté du Danemark (a) une grande cage pleine, ce sont sans doute quelques-uns de ces prisonniers échappés qui se seront mul- tipliés en Angleterre et qui y auront fondé une colonie nouvelle ; mais d’où venaient ceux qu’Albin avait ouï dire qu’on trouvait dans les provinces d’Es- sex et de Lincoln, et toujours dans les endroits marécageux ?

Il serait à désirer que l’on connût plus exactement les mœurs de ces oi- seaux ; leur histoire pourrait être curieuse, du moins à juger parle peu qu’on en sait : on dit que lorsqu’ils reposent, le mâle a soin de couvrir sa compagne de ses ailes ; et cette seule attention, si elle était bien constatée, en suppo- serait beaucoup d’autres et beaucoup de détails intéressants dans toute la suite des opérations qui ont rapport à la ponte.

Le trait le plus caractérisé de la physionomie du mâle, c’est une plaque noire à peu près triangulaire qu’il a de chaque côté de la tête ; la base de ce triangle renversé s’élève un peu au-dessus des yeux, et son sommet, dirigé en bas, tombe sur le cou à neuf ou dix lignes de la base : on a trouvé à ces deux plaques noires, dont les plumes sont assez longues quelque rap- port avec une moustache, et de là les noms qui ont été donnés dans tous les pays à cet oiseau. M. Frisch croit qu’il a de l’analogie avec le serin, et que les individus de ces deux espèces pourraient s’apparier avec succès ; mais, ajoute-t-il, l’espèce moustache est trop rare pour que l’on puisse mul- tiplier suffisamment les expériences qui seraient nécessaires pour décider la question. Cette opinion de M. Frisch ne peut subsister avec celle de MM. Edwards et Linnæus, qui trouvent à la moustache beaucoup d’affinité avec la pie-grièche : toutefois ces deux opinions, quoique contradictoires, ont un résultat commun, c’est que les trois observateurs ont vu le bec de la moustache plus gros que ne l’est ordinairement celui des mésanges, et que par conséquent cet oiseau pourrait être renvoyé aux demi-fins. D’un autre côté, M. Lottinger m’assure qu’il niche dans des trous d’arbres, et qu’il va souvent de compagnie avec la mésange à longue queue : ce qui, joint à l’air de famille et à d’autres rapports dans la taille, la forme exté- rieure, la contenance, les habitudes, nous autorise à le laisser parmi les mésanges.

Le mâle a la tête d’un gris de perle, la gorge et le devant du cou d’un blanc argenté ; la poitrine d’un blanc moins pur, teinté de gris dans quel- ques individus, de couleur de rose dans les autres ; le reste du dessous du corps roussâtre ; les couvertures inférieures de la queue noires ; celles des ailes de blanc jaunâtre ; le dessus du corps roux clair ; le bord antérieur des ailes blanc ; les petites couvertures supérieures noirâtres, les grandes bordées d’un roux ; les pennes moyennes de même, bordées intérieurement d’un roux plus clair ; les grandes pennes bordées de blanc en dehors, celles

(a) Je suis surpris que cet oiseau étant aussi commun en Danemark, son nom ne se trouve point dans le Zoologiæ Danicæ prodromus de M. Muller.