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Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome VI.djvu/671

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LA MÉSANGE A LONGUE QUEUE. 637

le jeune en a vu des volées au Jardin du Roi sur la fin de décembre, et m’a appris qu’on en voyait assez communément dans le bois de Boulogne ; enfin, les uns disent qu’ils restent pendant l’hiver, les autres, qu’ils voyagent, d’autres, enfin, qu’ils arrivent plus tard que les autres mésanges : d’où ils ont été nommés mésanges de neige. Tous ces faits, tous ces avis contraires peuvent être et sont, à mon sens, également vrais ; il ne faut pour cela que supposer, ce qui est très vraisemblable, que ces oiseaux varient leur con- duite selon les circonstances des lieux et des temps ; qu’ils restent où ils sont bien ; qu’ils voyagent pour être mieux ; qu’ils se tiennent sur la montagne ou dans la plaine, dans les terrains secs ou humides, dans les forêts ou dans les vergers, partout en un mot où ils rencontrent leur subsistance et leurs commodités. Quoi qu’il en soit, ils se prennent rarement dans les trébuchets, et leur chair n’est point un bon manger.

Leurs plumes sont presque décomposées, et ressemblent à un duvet fort long ; ils ont des espèces de sourcils noirs, les paupières supérieures d’un jaune orangé ; mais cette couleur ne paraît guère dans les sujets desséchés ; le dessus de la tête, la gorge et tout le dessous du corps blanc, ombré de noirâtre sur la poitrine, et quelquefois teinté de rouge sur le ventre, sur les flancs et sous la queue : le derrière du cou noir, d’où part une bande de même couleur qui parcourt toute la partie supérieure du corps entre deux larges bandes d’un rouge faux ; la queue noire, bordée de blanc ; la partie antérieure de l’aile noire et blanche ; les grandes pennes noirâtres, les moyennes aussi, mais bordées de blanc, excepté les plus proches du corps, qui le sont du même roux que le dos ; le fond des plumes cendré foncé ; l’iris gris, le bec noir, mais gris à la pointe, et les pieds noirâtres.

La bande blanche du sommet de la tête s’élargit plus ou moins, et quel- quefois gagne tellement sur les bandes noires latérales, que la tête paraît toute blanche : dans quelques individus le dessous du corps est tout blanc ; tels étaient ceux qu’a vus Belon, et quelques-uns que j’ai observés moi- même. Dans les femelles, les bandes latérales de la tête ne sont que noi- râtres, ou même variées de blanc et de noir, et les couleurs du plumage ne sont ni bien décidées ni bien tranchées. Cet oiseau ne surpasse guère le roitelet en grosseur ; il pèse environ cent quatorze grains : comme il tient ses plumes presque toujours hérissées, il paraît un peu plus gros qu’il n’est réellement.

Longueur totale, cinq pouces deux tiers ; bec, trois lignes et demie, plus épais que celui de la mésange bleue, le supérieur un peu crochu ; la langue un peu plus large que celle de cette même mésange bleue, terminée par des filets ; tarse, sept lignes et demie ; ongle postérieur le plus fort de tous ; vol, six pouces et demi ; queue, trois pouces et demi, composée de douze pennes inégales, irrégulièrement étagées et toujours augmentant de longueur depuis la plus extérieure, qui a dix-huit lignes, jusqu’à la cinquième,