Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/159

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un mouvement d’impulsion plus fort que les plus petites & les plus denses ; car la force d’impulsion se communiquant par les surfaces, le même coup aura fait mouvoir les parties les plus grosses & les plus légères de la matière du soleil, avec plus de vîtesse que les parties les plus petites & les plus massives ; il se sera donc fait une séparation des parties denses de différens degrés, en sorte que la densité de la matière du soleil étant égale à cent, celle de Saturne est égale à 67, celle de Jupiter = 94 , celle de Mars = 200, celle de la Terre = 400, celle de Vénus = 800, & celle de Mercure = 2800. Mais la force d’attraction ne se communiquant pas, comme celle d’impulsion, par la surface, & agissant au contraire sur toutes les parties de la masse, elle aura retenu les portions de matières les plus denses, &. c’est pour cette raison que les planètes les plus denses sont les plus voisines du soleil, & quelles tournent autour de cet astre avec plus de rapidité que les planètes les moins denses, qui sont aussi les plus éloignées.

Les deux grosses planètes Jupiter & Saturne qui sont, comme l’on sçait, les parties principales du système solaire, ont conservé ce rapport entre leur densité & leur mouvement d’impulsion, dans une proportion si juste qu’on doit en être frappé ; la densité de Saturne est à celle de Jupiter comme 67 à 94 , & leurs vîtesses sont à peu près comme 88 à 120 , ou comme 67 à 90  ; il est rare que de pures conjectures on puisse tirer des rapports aussi exacts. Il est vrai qu’en suivant ce rapport entre la vîtesse &