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Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/43

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Manière de traiter

cet homme ne distinguera rien et confondra tout ; mais laissons ses idées s’affermir peu à peu par des sensations réitérées des mêmes objets ; bien tôt il se formera une idée générale de la matière animée, il la distinguera aisément de la matière inanimée, et peu de temps après il distinguera très-bien la matière animée de la matière végétative, et naturellement il arrivera à cette première grande division, Animal, Végétal et Minéral ; et comme il aura pris en même temps une idée nette de ces grands objets si différents, la Terre, l’Air et l’Eau, il viendra en peu de temps à se former une idée particulière des animaux qui habitent la terre, de ceux qui demeurent dans l’eau, et de ceux qui s’élèvent dans l’air, et par conséquent il se fera aisément à lui-même cette seconde division, Animaux quadrupèdes, Oiseaux, Poissons ; il en est de même dans le règne végétal, des arbres et des plantes, il les distinguera très-bien, soit par leur grandeur, soit par leur substance, soit par leur figure. Voilà ce que la simple inspection doit nécessairement lui donner, et ce qu’avec une très-légère attention il ne peut manquer de reconnaître ; c’est là aussi ce que nous devons regarder comme réel, et ce que nous devons respecter comme une division donnée par la Nature même. Ensuite mettons-nous à la place de cet homme, ou supposons qu’il ait acquis autant de connaissances, et qu’il ait autant d’expérience que nous en avons, il viendra à juger les objets de l’Histoire Naturelle par les rapports qu’ils auront avec lui ; ceux qui lui seront les plus nécessaires, les plus utiles, tiendront le