Page:Buffon - Histoire naturelle, 1st edition, vol. 1, 1749.djvu/99

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Plongeurs [1] qu’aux plus grandes profondeurs où ils puissent descendre, qui sont de vingt brasses, le fond de fa mer est remué au point que l’eau se mêle avec la terre, qu’elle devient trouble, & que la vase & les coquillages font emportez par le mouvement des eaux à des distances considérables ; par conséquent dans tous les endroits de la mer où l’on a pû descendre, il se fait des transports de terre & de coquilles qui vont tomber quelque part & former, en se déposant, des couches parallèles & des éminences qui font composées comme nos montagnes le font ; ainsi le flux & le reflux, les vents, les courans, & tous les mouvemens des eaux produiront des inégalités dans le fond de la mer, parce que toutes ces causes détachent du fond & des côtes de la mer, des matières qui se précipitent ensuite en forme de sédimens.

Au reste il ne faut pas croire que ces transports de matières ne puissent pas se faire à des distances considérables, puisque nous voyons tous les jours des graines & d’autres productions des Indes orientales & occidentales arriver [2] sur nos côtes ; à la vérité elles font spécifiquement plus légères que l’eau, au lieu que les matières dont nous parlons font plus pesantes, mais comme elles font réduites en poudre impalpable elles se soutiendront assez long-temps dans l’eau pour être transportées à de grandes distances.

Ceux qui prétendent que la mer n’est pas remuée à

  1. Voyez Boyle’s Works, vol. 3. p. 232.
  2. Particulièrement sur les côtes d’Écosse & d’Irlande. V. Ray’s Discourses.