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ART. X. FLEUVES.

On peut donc dire en général que dans l’Europe, l’Asie, et l’Afrique, les fleuves et les autres eaux méditerranées s’étendent plus d’orient en occident que du nord au sud ; ce qui vient de ce que les chaînes de montagnes sont dirigées pour la plupart dans ce sens, et que d’ailleurs le continent entier de l’Europe et de l’Asie est plus large dans ce sens que l’autre ; car il y a deux manières de concevoir cette direction des fleuves. Dans un continent long et étroit, comme est celui de l’Amérique méridionale, et dans lequel il n’y a qu’une chaîne principale de montagnes, qui s’étend du nord au sud, les fleuves n’étant retenus par aucune autre chaîne de montagnes, doivent couler dans le sens perpendiculaire à celui de la direction des montagnes, c’est-à-dire d’orient en occident ; ou d’occident en orient : c’est en effet dans ce sens que coulent toutes les rivières de l’Amérique, parce qu’à l’exception des Cordilières, il n’y a pas de chaînes de montagnes fort étendues, et qu’il n’y en a point dont les directions soient parallèles aux Cordilières. Dans l’ancien continent, comme dans le nouveau, la plus grande partie des eaux ont leur plus grande étendue d’occident en orient, et le plus grand nombre des fleuves coulent dans cette direction, mais c’est par une autre raison ; c’est qu’il y a plusieurs longues chaînes de montagnes parallèles les unes aux autres, dont la direction est d’occident en orient, et que les fleuves et les autres eaux sont obligés de suivre les intervalles qui séparent ces chaînes de montagnes : par conséquent une seule chaîne de montagnes, dirigée du nord au sud, produira des fleuves dont la direction sera la même que celle des fleuves qui sortiroient