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ART. X. FLEUVES.

source jusqu’à son embouchure, traverse un pays de 380 milles de longueur, et les rivières qui y tombent de chaque côté, viennent de sources et de rivières qui sont à environ 60 milles de distance du Pô : ainsi ce fleuve et les rivières qu’il reçoit, arrosent un pays de 380 milles de long et de 120 milles de large ; ce qui fait 45,600 milles carrés. Mais la surface de toute la terre sèche est de 85,490,506 milles carrés ; par conséquent la quantité d’eau que toutes les rivières portent à la mer, sera 1874 fois plus grande que la quantité que le Pô lui fournit : mais comme vingt-six rivières comme le Pô fournissent un mille cubique d’eau à la mer par jour, il s’ensuit que dans l’espace d’un an, 1874 rivières comme le Pô fourniront à la mer 26,308 milles cubiques d’eau, et que dans l’espace de 812 ans toutes ces rivières fourniroient à la mer 21,372,626 milles cubiques d’eau, c’est-à-dire autant qu’il y en a dans l’Océan, et que par conséquent il ne faudroit que 812 ans pour le remplir.

Il résulte de ce calcul, que la quantité d’eau que l’évaporation enlève de la surface de la mer, que les vents transportent sur la terre, et qui produit tous les ruisseaux et tous les fleuves, est d’environ 245 lignes, ou de 20 à 21 pouces par an, ou d’environ les deux tiers d’une ligne par jour ; ceci est une très petite évaporation, quand même on la doubleroit ou tripleroit, afin de tenir compte de l’eau qui retombe sur la mer, et qui n’est pas transportée sur la terre. Voyez sur ce sujet l’écrit de Halley dans les Transactions philosophiques, no 192, où il fait voir évidemment et par le calcul, que les vapeurs qui s’élèvent au dessus de la mer, et que les vents transportent sur la terre, sont