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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/122

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THÉORIE DE LA TERRE.

suffisantes pour former toutes les rivières et entretenir toutes les eaux qui sont à la surface de la terre.

Après le Nil, le Jourdain est le fleuve le plus considérable qui soit dans le Levant, et même dans la Barbarie ; il fournit à la mer Morte environ six millions de tonnes d’eau par jour : toute cette eau, et au delà, est enlevée par l’évaporation ; car en comptant, suivant le calcul de Halley, 6914 tonnes d’eau qui se réduit en vapeurs sur chaque mille superficiel, on trouve que la mer Morte, qui a 72 milles de long sur 18 milles de large, doit perdre tous les jours par l’évaporation près de neuf millions de tonnes d’eau, c’est-à-dire non seulement toute l’eau qu’elle reçoit du Jourdain, mais encore celle des petites rivières qui y arrivent des montagnes de Moab et d’ailleurs : par conséquent elle ne communique avec aucune autre mer par des canaux souterrains.

Les fleuves les plus rapides de tous sont le Tigre, l’Indus, le Danube, l’Yrtis en Sibérie, le Malmistra en Cilicie, etc. Mais, comme nous l’avons dit au commencement de cet article, la mesure de la vitesse des eaux d’un fleuve dépend de deux causes : la première est la pente, et la seconde le poids et la quantité d’eau. En examinant sur le globe quels sont les fleuves qui ont le plus de pente, on trouvera que le Danube en a beaucoup moins que le Pô, le Rhin, et le Rhône, puisque, tirant quelques unes de ses sources des mêmes montagnes, le Danube a un cours beaucoup plus long qu’aucun de ces trois autres fleuves, et qu’il tombe dans la mer Noire, qui est plus élevée que la Méditerranée, et peut-être plus que l’Océan.

Tous les grands fleuves reçoivent beaucoup d’autres