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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/101

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DISCOURS ACADÉMIQUES.

vous rendriez même, s’il étoit possible, le vice moins choquant. Mais jamais vous n’avez habité dans un cœur corrompu ; la honte y a pris votre place : elle prend aussi vos traits lorsqu’elle veut sortir de ces replis obscurs où le crime l’a fait naître ; elle couvre de votre voile sa confusion, sa bassesse. Sous ce lâche déguisement elle ose donc paroître : mais elle soutient mal la lumière du jour, elle a l’œil trouble et le regard louche ; elle marche à pas obliques dans des routes souterraines où le soupçon la suit ; et lorsqu’elle croit échapper à tous les yeux, un rayon de la vérité luit, il perce le nuage, l’illusion se dissipe, le prestige s’évanouit, le scandale seul reste, et l’on voit à nu toutes les difformités du vice grimaçant la vertu.

Mais détournons les yeux, n’achevons pas le portrait hideux de la noire hypocrisie ; ne disons pas que, quand elle a perdu le masque de la honte, elle arbore le panache de l’orgueil, et qu’alors elle s’appelle impudence. Ces monstres odieux sont indignes de faire ici contraste dans le tableau des vertus ; ils souilleraient nos pinceaux. Que la modestie, la piété, la modération, la sagesse, soient mes seuls objets et mes seuls modèles. Je les vois, ces nobles filles du ciel, sourire à ma prière ; je les vois, chargées de tous leurs dons, s’avancer à ma voix, pour les réunir ici sur la même personne : et c’est de vous, monsieur, que je vais emprunter encore des traits vivants qui les caractérisent.

Au peu d’empressement que vous avez marqué pour les dignités, à la contrainte qu’il a fallu vous faire pour vous amener à la cour, à l’espèce de retraite dans laquelle vous continuez d’y vivre, au refus absolu que