Aller au contenu

Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

RÉPONSE à M. WATELET,

Le jour de sa réception à l’Académie Françoise, le samedi 19 janvier 1761.



Monsieur,

Si jamais il y eut dans une compagnie un deuil de cœur, général et sincère, c’est celui de ce jour. M. de Mirabaud, auquel vous succédez, monsieur, n’avoit ici que des amis, quelque digne qu’il fût d’y avoir des rivaux. Souffrez donc que le sentiment qui nous afflige paroisse le premier, et que les motifs de nos regrets précèdent les raisons qui peuvent nous consoler. M. de Mirabaud, votre confrère et votre ami, messieurs, a tenu, pendant près de vingt ans, la plume sous vos yeux. Il étoit plus qu’un membre de notre corps, il en étoit le principal organe : occupé tout entier du service et de la gloire de l’Académie, il lui avoit consacré et ses jours et ses veilles ; il étoit, dans votre cercle, le centre auquel se réunissoient vos lumières, qui ne perdoient rien de leur éclat en passant par sa plume. Connoissant, par un si long usage, toute l’utilité de sa place pour les progrès de vos travaux académiques, il n’a voulu la quitter, cette place qu’il remplissoit si bien, qu’après vous avoir désigné, messieurs, celui d’entre vous que vous avez tous jugé convenir le mieux[1], et qui joint en effet à tous les talents de l’esprit cette droiture délicate qui va jusqu’au scrupule dès qu’il s’agit de remplir ses devoirs. M. de

  1. M. Duclos a succédé à M. de Mirabaud dans la place de secrétaire de l’Académie Françoise.