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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/15

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IX
PAR CONDORCET.

les connoissances physiques à des objets d’une utilité immédiate ; il étudia en physicien les bois dont il étoit obligé de s’occuper comme propriétaire, et publia sur cette partie de l’agriculture plusieurs mémoires remarquables surtout par la sagesse avec laquelle, écartant tout système, toute vue générale, mais incertaine, il se borne à raconter des faits, à détailler des expériences. Il n’ose s’écarter de l’esprit qui commençoit alors à dominer parmi les savants, de cette fidélité sévère et scrupuleuse à ne prendre pour guides que l’observation et le calcul, à s’arrêter dès l’instant où ces fils secourables se brisent ou s’échappent de leurs mains. Mais s’il fut depuis moins timide, il faut lui rendre cette justice, qu’en s’abandonnant trop facilement peut-être à des systèmes spéculatifs, dont l’adoption peut tout au plus égarer quelques savants et ralentir leur course, jamais il n’étendit cet esprit systématique sur des objets immédiatement applicables à l’usage commun, où il pourroit conduire à des erreurs vraiment nuisibles.

Parmi les observations que renferment ces mémoires, la plus importante est celle où il propose un moyen de donner à l’aubier une dureté au moins égale à celle du cœur du bois, qui est elle-même augmentée par ce procédé ; il consiste à écorcer les arbres sur pied dans le temps de la sève, et à les y laisser dessécher et mourir. Les ordonnances défendoient cette opération ; car elles ont trop souvent traité les hommes comme si, condamnés à une enfance éternelle ou à une incurable démence, on ne pouvoit leur laisser sans danger la disposition de leurs propriétés et l’exercice de leurs droits.