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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/151

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L’HISTOIRE NATURELLE.

C’est ici le principal but qu’on doive se proposer : on peut se servir d’une méthode déjà faite comme d’une commodité pour étudier ; on doit la regarder comme une facilité pour s’entendre : mais le seul et le vrai moyen d’avancer la science est de travailler à la description et à l’histoire des différentes choses qui en font l’objet.

Les choses par rapport à nous ne sont rien en elles-mêmes ; elles ne sont encore rien lorsqu’elles ont un nom ; mais elles commencent à exister pour nous lorsque nous leur connoissons des rapports, des propriétés ; ce n’est même que par ces rapports, que nous pouvons leur donner une définition : or la définition, telle qu’on la peut faire par une phrase, n’est encore que la représentation très imparfaite de la chose, et nous ne pouvons jamais bien définir une chose sans la décrire exactement. C’est cette difficulté de faire une bonne définition que l’on retrouve à tout moment dans toutes les méthodes, dans tous les abrégés qu’on a tâché de faire pour soulager la mémoire : aussi doit-on dire que dans les choses naturelles il n’y a rien de bien défini que ce qui est exactement décrit ; or, pour décrire exactement, il faut avoir vu, revu, examiné, comparé la chose qu’on veut décrire, et tout cela sans préjugé, sans idée de système ; sans quoi la description n’a plus le caractère de la vérité, qui est le seul qu’elle puisse comporter. Le style même de la description doit être simple, net, et mesuré ; il n’est pas susceptible d’élévation, d’agréments, encore moins d’écarts, de plaisanterie, ou d’équivoque : le seul ornement qu’on puisse lui donner c’est de la noblesse dans l’expression, du choix et de la propriété dans les termes.