Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
78
MANIÈRE D’ÉTUDIER

rat, qui est aussi fissipède, plus qu’un cheval ne ressemble à un chien ? Un éléphant solipède ressemble-t-il plus à un âne, solipède aussi, qu’à un cerf, qui est pied-fourchu ? Et si on veut se servir de la nouvelle méthode, dans laquelle les dents et les mamelles sont les caractères spécifiques et sur lesquels sont fondées les divisions et les distributions, trouvera-t-on qu’un lion ressemble plus à une chauve-souris qu’un cheval ne ressemble à un chien ? ou bien, pour faire notre comparaison encore plus exactement, un cheval ressemble-t-il plus à un cochon qu’à un chien, ou un chien ressemble-t-il plus à une taupe qu’à un cheval[1] ? Et puisqu’il y a autant d’inconvénients et des différences aussi grandes dans ces méthodes d’arrangement que dans la nôtre, et que d’ailleurs ces méthodes n’ont pas les mêmes avantages, et qu’elles sont beaucoup plus éloignées de la façon ordinaire et naturelle de considérer les choses, nous croyons avoir eu des raisons suffisantes pour lui donner la préférence, et ne suivre dans nos distributions que l’ordre des rapports que les choses nous ont paru avoir avec nous-mêmes.

Nous n’examinerons pas en détail toutes les méthodes artificielles que l’on a données pour la division des animaux : elles sont toutes plus ou moins sujettes aux inconvénients dont nous avons parlé au sujet des méthodes de botanique ; et il nous paroît que l’examen d’une seule de ces méthodes suffit pour faire découvrir les défauts des autres : ainsi nous nous bornerons ici à examiner celle de M. Linnæus, qui est la plus nouvelle, afin qu’on soit en état de juger

  1. Voyez Linnæus, Syst. nat., pages 65 et suiv.