montagnes, ni marbres, ni rochers, ni craies, ni aucune autre matière semblable à celles que nous connoissons, qui presque toutes contiennent des coquilles et d’autres débris des productions de la mer. D’ailleurs, la surface de la terre devoit avoir acquis au temps du déluge un degré considérable de solidité, puisque la gravité avoit agi sur les matières qui la composent pendant plus de seize siècles ; et par conséquent il ne paroît pas possible que les eaux du déluge aient pu bouleverser les terres à la surface du globe jusqu’à d’aussi grandes profondeurs, dans le peu de temps que dura l’inondation universelle.
Mais, sans insister plus long-temps sur ce point, qui sera discuté dans la suite, je m’en tiendrai maintenant aux observations qui sont constantes, et aux faits qui sont certains. On ne peut douter que les eaux de la mer n’aient séjourné sur la surface de la terre que nous habitons, et que par conséquent cette même surface de notre continent n’ait été pendant quelque temps le fond d’une mer, dans laquelle tout se passoit comme tout se passe actuellement dans la mer d’aujourd’hui. D’ailleurs, les couches des différentes matières qui composent la terre étant, comme nous l’avons remarqué[1], posées parallèlement et de niveau, il est clair que cette position est l’ouvrage des eaux, qui ont amassé et accumulé peu à peu ces matières, et leur ont donné la même situation que l’eau prend toujours elle-même, c’est-à-dire cette situation horizontale que nous observons presque partout ; car dans les plaines les couches sont exactement horizontales, et il n’y a que dans les montagnes où elles soient inclinées, comme ayant