fet, lui pardonnent, et sentent ranimer leur confiance.
Des réflexions philosophiques mêlées aux descriptions, à l’exposition des faits et à la peinture des mœurs, ajoutent à l’intérêt, aux charmes de cette lecture et à son utilité. Ces réflexions ne sont pas celles d’un philosophe qui soumet toutes ses pensées à une analyse rigoureuse, qui suit sur les divers objets les principes d’une philosophie toujours une ; mais ce ne sont pas non plus ces réflexions isolées que chaque sujet offre à l’esprit, qui se présentent d’elles-mêmes, et n’ont qu’une vérité passagère et locale. Celles de M. de Buffon s’attachent toujours à quelque loi générale de la nature, ou du moins à quelque grande idée.
Dans ses discours sur les animaux domestiques, sur les animaux carnassiers, sur la dégénération des espèces, on le voit tantôt esquisser l’histoire du règne animal considéré dans son ensemble, tantôt parler en homme libre de la dégradation où la servitude réduit les animaux ; en homme sensible de la destruction à laquelle l’espèce humaine les a soumis, et en philosophe de la nécessité de cette destruction, des effets lents et sûrs de cette servitude, de son influence sur la forme, sur les facultés, sur les habitudes morales des différentes espèces. Des traits qui semblent lui échapper caractérisent la sensibilité et la fierté de son âme ; mais elle paroît toujours dominée par une raison supérieure : on croit, pour ainsi dire, converser avec une pure intelligence, qui n’auroit de la sensibilité humaine que ce qu’il en faut pour se faire entendre de nous et intéresser notre foiblesse.