Aller au contenu

Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
THÉORIE DE LA TERRE.

Il prétend qu’on a toujours mal entendu le texte de la Genèse, qu’on s’est trop attaché à la lettre et au sens qui se présente à la première vue, sans faire attention à ce que la nature, la raison, la philosophie, et même la décence, exigeoient de l’écrivain pour traiter dignement cette matière. Il dit que les notions qu’on a communément de l’ouvrage des six jours sont absolument fausses, et que la description de Moïse n’est pas une narration exacte et philosophique de la création de l’univers entier et de l’origine de toutes choses, mais une représentation historique de la formation du seul globe terrestre. La terre, selon lui, existoit auparavant dans le chaos, et elle a reçu dans le temps mentionné par Moïse la forme, la situation, et la consistance nécessaires pour pouvoir être habitée par le genre humain. Nous n’entrerons point dans le détail de ses preuves à cet égard, et nous n’entreprendrons pas d’en faire la réfutation : l’exposition que nous venons de faire suffit pour démontrer la contrariété de son opinion avec la foi, et par conséquent l’insuffisance de ses preuves. Au reste, il traite cette matière en théologien controversiste plutôt qu’en philosophe éclairé.

Partant de ces faux principes, il passe à des suppositions ingénieuses, et qui, quoique extraordinaires, ne laissent pas d’avoir un degré de vraisemblance lorsqu’on veut se livrer avec lui à l’enthousiasme du système. Il dit que l’ancien chaos, l’origine de notre terre, a été l’atmosphère d’une comète ; que le mouvement annuel de la terre a commencé dans le temps qu’elle a pris une nouvelle forme ; mais que son mouvement diurne n’a commencé qu’au temps de la chute